2.2.1. Foi et fonctionnement psychique

En tant que forme de croyance, la foi est un mécanisme mental. Elle implique alors chez le sujet un travail psychique. Ainsi, quelle est son influence sur les phénomènes de guérison qui en découlent ? Quelles relations peut-il y avoir les comportements pathologiques de certains sujets ?

2.2.1.1. Foi et guérison

Dans ses travaux, E. de Rosny (2002) 23 essaie de ressortir les relations qui existent entre foi et guérison. Pour l’auteur, la guérison repose sur un point essentiel qui est la foi. Il s’agit de la foi des membres de la famille accompagnant le malade, la foi du patient et la foi du groupe de délivrance. Mais quelle relation la foi peut-elle avoir avec le fonctionnement psychique ? Quel est son impact sur la guérison du patient ?

Voici un cas de paralysie que raconte le Père Nicolas :

« Il s’agit d’un patient qui était paralysé depuis environ 6mois. Lorsque je lui rends visite pour la première fois, je le trouve les deux pieds suspendus ; il ne sentait plus rien lorsqu’on touchait ses pieds ; il fallait le porter pour le laver et faire ses selles, etc. Il attendait simplement son évacuation en France le lendemain pour y subir une opération. Avec la croix, j’ai permis de diagnostiquer si la maladie était naturelle ou pas. Quand je pose la croix sur sa tête, il sent une grande brûlure en poussant des cris ; tout le corps brûlait. J’avais compris de quoi il s’agissait. J’ai dit à la famille présente que je ne peux pas donner l’auteur de cette maladie car je ne suis pas nganga, mais cette maladie n’est pas naturelle ; elle est d’origine mystique. Et je leur ai dit que si Paul était évacué, il ne guérirait pas. J’ai demandé alors à la famille un mois de prière . Et la famille venait tous les jours de la prière à la maison du patient. Le dernier jour du mois, j’arrive et je pose la croix sur Paul, il chauffait toujours. J’étais surpris. J’ai demandé à Dieu de manifester sa gloire. Tout d’un coup, Paul s’est levé et a dit à sa femme et toute sa famille présente : « je suis guéri ». Toute la famille s’est mise à pleurer de joie ».

Cette situation soulève la question de la foi dans des pareilles circonstances. Selon le père Nicolas, la guérison vient de la foi. Si le malade y croit, il doit être guéri. Quel rôle joue la foi dans la guérison ? Peut-elle être considérée comme une expérience affective (émotions, affects) suscitée par la cure et dont S. Freud en a tenu compte, en l’ayant appelé « transfert  », et qu’il a considéré comme véritable moteur de la guérison ?

Si la foi peut avoir une influence positive sur la guérison, peut-elle avoir des effets négatifs sur le comportement de l’être humain ?

Notes
23.

Eric de Rosny,  Foi, famille et folie. Santé mentale, psychothérapies et sociétés. Vienne, The World Council for Psychotherapy, 2002, pp. 179-186.