2.3.1. L’iboga

L’iboga ou le « bois amer » est une plante hallucinogène appartenant à la famille des apocynacées. Il se rencontre le plus dans la forêt équatoriale, et plus précisément au Gabon. Le produit issu d’un habile dosage de râpures d’écorces, de racines contient plusieurs alcaloïdes toxiques appelés l’ibogaïne qui peuvent provoquer, à hautes doses, une atteinte corticale. Il est particulièrement utilisée lors de certaines cérémonies initiatiques, à savoir le bwiti (Gollnofer et Sillans, 1983 ; A. Mary, 1983 28 ), au cours desquelles, son absorption de l’iboga est accompagnée par des textes rituels, de musique (cithare) et de sons de cloches et de tamtam. Tout cela se fait pendant une huitaine de jours sous le contrôle d’un maître initiateur qui évalue le dosage et l’état mental du récipiendaire au risque de le plonger dans un collapsus fatal.

L’objectif est de déclencher des contenus représentatifs et affectifs qui diffèrent selon la culture ethnique et les rites initiatiques au sein desquels l’iboga est absorbée. Ce qui permet aux sujets d’atteindre une phase mystique permettant au sujet d’être en relation avec le monde supra terrestre, de se socialiser avec l’au-delà, etc. Lorsque les sujets commencent à avoir des visions, en ce moment, l’administration de l’iboga est suspendue.

Dans le monde africain, le sens profond de l’objet diffère de la réalité de l’objet perçu. « Ce que tu vois, tu le vois, c’est la bouteille, c’est la table mais tu ne sais pas ce qu’il y a derrière les choses ! ». C’est pour dépasser la signification liée aux perceptions que les Tsogho –peuples d’où est originaire le rite du bwiti –vont avoir recours au « vécu mental provoqué », un état transitoire de la conscience au cours duquel se libère un contenu à valeur de message appelé « vision  ».

Notes
28.

André Mary, Naissance à l’envers : essai sur le rituel du Bwiti Fang au Gabon. Paris, L’Harmattan, 1983, 384 p.