2.3.2. Iboga et fonctionnement psychique

L’absorption de l’iboga a pour conséquence la création d’un état mental transitoire proche de certains phénomènes psychiques. Ces conséquences se situent au niveau physiologique et psychologique. Sur le plan physiologique, il y a de douloureux vomissements accompagnés de lassitude et de somnolence, des signes d’intoxication du système nerveux se traduisant par une excitation intense avec ébriété, incoordination motrice, rires, pleurs et agitations de la tête. De même, il y a une anesthésie d’une partie ou de tout le corps et l’anorexie, etc.

Sur le plan psychologique, l’absorption de l’iboga entraîne une perturbation graduelle de l’état psychique qui rapproche le sujet vers un état de déstructuration mentale « provoqué ». L’individu est dans un état-second ou de demi-sommeil. Le récipiendaire présente une prédominance des manifestations psychosensorielles, à savoir des perceptions visuelles, sensations cénesthésiques, des stimulations auditives et tactiles, une projection spatiale démesurée, un sentiment d’étrangeté, sensations d’envol, désorientation spatiale, manifestations cénesthésique générales, avec la sensation de pouvoir se déplacer dans le vide comme une feuille ou de se projeter d’un endroit à un autre, etc. Il y a aussi de mouvements de contorsion comme des serpents.

Les sujets sont aussi confrontés à des sensations d’angoisse, d’étouffement, de tremblement, des cris d’effroi comme des personnes en proie à une vision terrifiante, etc. Un sentiment d’étrangeté, avec un syndrome de « dépersonnalisation » se développe chez les sujets. Mais ces sujets ne présentent pas des problèmes d’amnésie car ils gardent des souvenirs très précis de leur état de vécu mental provoqué, même après un très long temps.

Cependant, certains phénomènes, à savoir les hallucinations ou certains états comme les transes n’ont rien de pathologique car étant des phénomènes religieux traditionnels. Ce qui pose ainsi la question du normal et du pathologique qui diffère selon les contextes culturels. Sur ce, il ne peut y avoir hallucination que si le contenu et la forme de celle-ci sont strictement individuels et n’a pas valeur de communication. Autrement dit, il y a hallucination s’il y a expression d’un désir purement individuel et non communicable. Par contre, si le contenu culturel véhicule un message, la vision dépasse aussi bien dans sa structure que dans sa signification l’hallucination tant du point de vue clinique que descriptif.

Un des points importants dans ce parcours initiatique est de permettre de saisir le passé, le présent et le futur du sujet. Et dans la prise en compte de ce passé, il existe un mouvement comparable à ceux rencontrés dans les mécanismes liés au fonctionnement psychique. Il existe des mécanismes comparables à la régression, au principe de plaisir, etc. qui sont des mécanismes faisant partie du fonctionnement psychique. En psychiatrie, des travaux ont été menés sur l’usage de l’iboga par des sujets. Il a été constaté que l’usage de l’iboga entraîne chez le sujet des comportements semblables à ceux d’un sujet plongé dans les tourments de son inconscient. Vu son influence sur le fonctionnement psychique, il convient de s’interroger sur le rôle que peut jouer l’iboga chez le sujet. Ainsi, quelle est l’importance de l’iboga dans la guérison du sujet ?