La psychologie sociale s’intéresse en même temps à la question des représentations. Avec son ouvrage intitulé La psychanalyse, son image, son public, S. Moscovici (1961) 99 a été le premier en psychologie à s’intéresser à cette question, en reformulant le concept de représentation collective de E. Durkheim (1898). En effet, en travaillant sur l’image de la psychanalyse en France, l’auteur met en évidence les faits que certaines caractéristiques sociologiques (âge, sexe, niveau socio-économique, etc.) ou psychosociologiques (taille de la famille, le degré de connaissance de la psychanalyse, etc.) des individus sont liées aux représentations différant selon la définition, les buts, les domaines d’invention de la psychanalyse, etc.
Ainsi, pour S. Moscovici (1961, 251), la représentations est « l’élaboration d’un objet social par une communauté avec l’objectif d’agir et de communiquer ». Pour cela, il définit deux mécanismes, d’une part, l’objectivation qui « permet la concrétisation de ce qui est abstrait […], la transformation de concepts abstraits ou d’objets étrangers en expérience ou matérialisations concrètes ». D’autre part, l’ancrage permet l’intégration de l’objet et des informations nouvelles dans le savoir et les catégories de signification préexistants, c’est-à-dire dans le cadre de référence des individus et des groupes sur le double plan cognitif et relationnel (S. Moscovici, 1961, 336).
Si pour le sociologue, les représentations sociales sont monolithiques et statiques, pour le psychologue social, les représentations sont dynamiques et évolutives, à l’image de nos sociétés modernes. A cet effet, les représentations dites sociales sont-elles conçues comme des processus. A l’opposé des représentations collectives qui concernent des groupes sociaux plus larges, les représentations sociales s’intéressent aux groupes restreints, aux petites structures. Ce qui peut permettre des changements rapides par rapport aux représentations collectives. Ces changements sont liés aux influences sociales.
Appliquant cette théorie sur un autre objet, D. Jodelet (1989) s’intéresse aux représentations de la maladie. A cet effet, pour l’auteur, la représentation est une « forme de connaissance socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social » 100 .
Au-delà de la dynamique sociale, les représentations sociales se caractérisent aussi par la dialectique entre l’individu et la société. En effet, cette dialectique tourne autour des relations entre individus. Ce qui crée une convergence, une ressemblance (partage) d’idées, d’opinions, en un mot des représentations entre les individus. Ce sont des représentations sociales. Toutefois, les différentes idéologies peuvent avoir une influence sur les représentations individuelles. Ainsi, une représentation sociale n’est ni totalement du domaine du social, ni totalement du domaine de l’individuel D. Jodelet (1989, 40). Les représentations sociales sont alors non seulement inhérentes aux individus, mais aussi liées à la société.
Ainsi, la question des représentations soulève la problématique de leur origine, de leur existence et de leur développement. Dans ce sens, pourquoi les individus représentent ? Comment les individus s’approprient le monde ? Autrement dit, quels sont les processus psychiques responsables de ces représentations ? D’où mon intérêt pour la psychanalyse.
Serge Moscovoci, La psychanalyse, son image, son public, Paris, PUF, 1976, 2ème édition, 506 p.
Idem, p. 53.