En ce qui concerne l’entretien clinique, il est l’outil privilégié du psychologue clinicien. Il repose sur la relation qui est au cœur même de l’expérience intersubjective, saisie à travers la rencontre avec l’autre pour la compréhension du fonctionnement psychique. Cet outil permet de compléter le questionnaire. Par rapport à celui-ci, son intérêt permet de prendre en compte les effets de surprise liés à la relation. On a donc choisi de mener des entretiens semi-directifs sur la base de différentes thématiques.
Avec les malades, on leur demandait de raconter ce qui ce qui leur était arrivé, en mettant un accent sur l’origine de la maladie, l’importance des croyances traditionnelles dans l’apparition de la maladie à laquelle ils sont confrontés, etc. Parallèlement à ces entretiens, on s’intéressait aussi aux personnes de la famille du patient ou aux gens proches. Ou encore à ceux-là qui se sont déjà occupés des malades, notamment pour leur prise en charge. L’objectif était de recouper des informations sur les représentations sur l’origine de la maladie du sujet. Les entretiens semi-directifs avec les nganga, les guérisseurs religieux, les médecins ou psy ont permis de préciser des points importants par rapport à leurs pratiques 118 .
Au cours des entretiens, l’objectif était de faire en sorte que l’entretien puisse rester neutre, en associations libres et sur la base d’une ou deux questions de départ. Mais les entretiens ont été étayés par d’autres méthodologies, notamment l’étude des dossiers des patients interrogés. L’orthodoxie des techniques d’entretien pouvait être prise à défaut. Ce qui conduisait d’abord à observer, écouter. Car s’introduire directement dans un discours aurait été une entreprise vouée à l’échec. Dans ce sens, l’écoute représente un apprentissage, long et subtil.
Ainsi, l’entretien clinique a permis d’approfondir les informations sur les différentes représentations sur la maladie mentale. Pour cela, des entretiens se sont déroulés avec les patients. Les entretiens tournaient autour des différents systèmes de représentations ou d’interprétation que possède le patient lui-même de sa souffrance, à savoir les différentes causes. Ce qui a alors permis de saisir l’imaginaire du sujet par rapport à l’imaginaire collectif, la façon dont il se situe par rapport à sa culture, ce qui lui appartient ou à la culture.
Afin de ne pas alourdir cette recherche, ces entretiens n’ont pas été pris en compte dans les analyses.