1. Importance des croyances dans la société

Dans la société gabonaise, les croyances jouent un rôle très important. Cette importance se situe au niveau de leur utilisation par les individus et de leur expression. Dans cette perspective, les résultats du tableau suivant ressortent le rôle que jouent les croyances dans la société :

Tableau 1 : Importance des croyances dans la société.
Importance des croyances Nb. Cit. Fréq.
Très important 40 39,6%
Important 51 50,5%
Peu important 5 5,0%
Pas important du tout 5 5,0%
TOTAL OBS. 101 100,00%

Par rapport à l’importance du rôle des croyances dans la société, les enquêtes menées sur le terrain font ressortir que près de 39,6% de la population interrogée accordent une un rôle « très important » aux croyances. Alors que 50, 5% disent accorder un rôle « important ». Et seulement 5% de la population accorde un rôle « peu important » aux croyances. Ce qui revient à dire qu’environ 95% de la population interrogée donne une importance aux croyances dans la société. Alors que près de 5% seulement n’accordent « pas d’importance du tout  » aux croyances.

Sur la base des entretiens recueillis, au niveau individuel, on peut noter qu’une difficulté personnelle (chômage) ou un échec scolaire peut être interprété comme la conséquence d’un sort émanant d’un sorcier qui se trouve dans la famille. Les croyances sont utilisées pour expliquer et comprendre les situations auxquelles les individus sont confrontés. Dans ce sens, les croyances permettent d’orienter les comportements des individus tant au niveau individuel que collectif.

L’importance des croyances s’exprime aussi par l’attachement des individus. Par exemple, on peut noter que certaines familles chrétiennes sont attachées à leurs religions respectives. Un Protestant ne va fréquenter que les églises protestantes et non les églises catholiques ou les cultes traditionnels. Dans le tableau suivant essaie de ressortir les résultats issus du questionnaire et portant sur le « degré d’attachement » des individus aux croyances dans la société.

Tableau 2 : Degré d’attachement aux croyances.
Degré d’attachement Nb. Cit. Fréq.
Très attaché 25 24,8%
Attaché 35 34,7%
Peu attaché 36 35,6%
Pas attaché du tout 4 4,0%
TOTAL OBS. 101  

A partir de ce tableau, on peut noter que près de 24,8% des individus interrogés « très attachés » aux croyances, près de 34,7% restent « attachés » et 35,6% des individus sont « peu attachés ». Alors que 4% des individus ne sont « pas attachés » du tout aux croyances. A partir de ces résultats, on peut dire que près de 95,1% des individus interrogés restent « attachés » à leurs croyances. Alors que 4% seulement des individus ne sont pas attachés du tout aux croyances. Le degré d’attachement aux croyances se caractérise par la référence à certaines pratiques par les individus, notamment la prière la participation aux messes. Tandis que ceux qui croient aux traditions assistent ou participent à des cultes tels que le bwiti, le ndjobi, le ndjembé, etc.

Cependant, si on compare la population qui accorde un rôle important aux croyances (Tableau 1), à celle qui est attachée à ces croyances (Tableau 2), il convient de noter une différence entre les deux résultats. En effet, 50,5% des individus accordent un rôle important aux croyances. Alors qu’ils sont seulement 34,7% à être y attachés. A quoi peut être liée cette différence ? Peut-on émettre l’hypothèse selon laquelle les individus accordent de l’importance aux croyances mais en réalité, ils ne les mettent pas en œuvre. A quoi peut être ce fait ?

L’importance des croyances dans la société se caractérise aussi par l’influence qu’elles ont sur les individus, en particulier les enfants. Dans ce sens, le tableau suivant fournit quelques résultats montrant l’influence des croyances sur les enfants.

Tableau 3 : Influence des croyances
Influence des croyances Nb. Cit. Fréq.
Très importante 36 35,6%
Importante 32 31,7%
Peu importante 25 24,8
Pas importante du tout 7 6,9%
TOTAL OBS. 101  

Des enquêtes réalisées, on peut noter que 35,6% des individus interrogés considèrent que les croyances ont une influence « très importante », 31,7% note une influence « importante » et 24,8% disent qu’elle est « peu importante ». En revanche, 6,9% des individus interrogés trouvent que l’influence n’est « pas importante du tout ». Ainsi, on peut dire que 92,10% de la population interrogée voit une influence des croyances sur les individus, notamment les enfants. Alors qu’ils sont 6,9% seulement à ne pas voir une influence de ces croyances.

La forte influence des croyances est manifeste dans la famille qui constitue la cellule de base pour le développement de l’individu ; c’est par elle que se transmettent les valeurs essentielles. A tel point que les croyances partagées vont avoir une influence sur les croyances des membres de cette famille. Dans cette perspective, il est rare de trouver que les enfants n’épousent pas les croyances de leur famille.

En général, les enfants adoptent les croyances de leurs parents soit par mimétisme et par éducation « Un enfant qui est habitué à observer l'initiation au bwiti ou habitué à la pratique religieuse peut être influencé au point même d'en faire la pratique » ; soit par contrainte : « Dans notre culture au Gabon, les parents imposent souvent à leurs enfants de pratiquer les mêmes rites et les oriente aussi vers les mêmes croyances » ; soit encore par malléabilité, innocence : « Parce que les enfants sont manipulables ». Pour un enfant ayant été influencé pendant son jeune âge, il n’est pas rare qu’à l’âge adulte, il puisse perpétuer les mêmes croyances.

A l’âge adulte, certains enfants se démarquent cependant de cette influence. Il peut arriver que les croyances des enfants devenus adultes diffèrent de celles des parents. Par exemple, on peut retrouver, dans certaines familles, des parents croyant à la tradition, alors que les enfants sont chrétiens. Cette situation peut être liée au fait que l’adoption implique aussi un problème de choix. Car à l’âge adulte, on agit moins par mimétisme ou par obligation. Par ailleurs, ce n’est pas forcément le fait d’avoir vécu dans un milieu où il y a de nombreuses croyances qui fera simplement du sujet un croyant. Il peut y avoir d’autres circonstances pouvant favoriser l’émergence de ces croyances. En fonction de ses expériences, l’enfant pourra accorder une importance aux croyances.

Ainsi, l’influence des croyances sur les enfants soulève la question de la transmission intergénérationnelle, celle des valeurs et des normes dans la société. Ces valeurs sont à l’origine du développement de la personnalité du sujet.

Après avoir vu l’importance des croyances à travers l’attachement des individus et leur influence sur le développement, il convient maintenant de saisir les différentes formes de croyances, les domaines dans lesquels elles interviennent le plus, et enfin, leur répartition dans la population.