Malgré l’existence de la modernité au Gabon, on peut noter un modèle « traditionnel » toujours présent, parlant ainsi de société ou culture traditionnelle, basée essentiellement sur les traditions qui :
« sont le résultat de la perception plus ou moins avancée, plus ou moins interprétée et plus ou moins limitée des expériences des groupes humains. La tradition prend la forme convenant le mieux aux êtres à qui elle est destinée. Aussi, chaque peuple a ses propres possibilités de compréhension qui sont fonction du milieu qui est le sien. Ailleurs, ce milieu est nécessairement différent, les êtres le sont donc aussi, et leur assimilation, leurs représentations, sous forme de manière de penser, de faire ou d’agir héritée du passé, le sont également. Ce qui est compris d’eux, ce qui leur est utile peut ne pas l’être pour certains hommes, et les techniques employées peuvent n’offrir aucun intérêt pour d’autres » (J.C. Delbeau, 1990, 8-9) 126 .
A l’opposé des religions « modernes », environ 14,9% seulement de la population utilisent ou ont utilisé les religions « traditionnelles ». Celles-ci se caractérisent par une diversité de cultes, de rites auxquels les individus se réfèrent. Le tableau suivant montre les principaux cultes et rites utilisés par les individus :
Dans ce tableau, il convient de noter deux principaux cultes : le bwiti et le ndjembé. D’une part, le bwiti est un culte pratiqué par les hommes. Le bwiti des mitsogho ou bwiti originaire est uniquement réservé aux hommes. Dans sa version syncrétique, le bwiti fang, des femmes peuvent s’initier. Au-delà du bwiti, uniquement réservé aux hommes, on a le ndjobi, le mwiri (rite initiation adolescent). D’autre part, il y a le culte réservé aux femmes, le ndjembé. A côté de ces cultes, il existe d’autres cultes qui varient en fonction des buts et des valeurs à acquérir pour son entrée dans la vie sociale.
Ainsi, on peut noter qu’il existe dans la société gabonaise deux formes principales de croyances : d’un côté, les croyances ou religions modernes. Celles-ci comprennent une diversité de religions allant de la religion catholique aux « nouvelles religions », issues des mouvements évangéliques anglo-saxons, en passant par les églises protestantes. Le point commun entre ces religions est leur filiation à la pensée judéo-chrétienne qui repose sur la question du Bien et celle du mal. Depuis un moment, ces religions connaissent un développement de plus en plus accéléré. De l’autre, on a les croyances « traditionnelles » qui sont de moins en moins utilisées. A quoi peut être liée cette disproportion entre les religions modernes et les religions « traditionnelles » ?
Etant donné l’importance des croyances dans la société, il semble nécessaire de saisir les domaines d’intervention des croyances.
Jean-Claude Delbeau, Société, Culture et Médecine populaire traditionnelle. Etude sur le terrain d’un cas : Haïti, Henri Deschamps, 1990, 495 p.