1.4. Cas de Thomas

L’expression psychopathologique du cas de Thomas soulève la question d’identité du sujet. En partant de cette hypothèse, il s’agit de comprendre comment s’exprime cette problématique au niveau des tests projectifs.

1.4.1. De la perte d’un être cher à la problématique identitaire

Visiblement, Thomas se situe dans un état dépressif récurrent. Pour comprendre l’origine de cet état, quelques moments importants peuvent aider à comprendre les circonstances et les facteurs en cause dans l’expression de la maladie de Thomas.

Lorsque Thomas présente sa première décompensation psychopathologique, celle-ci apparaît après un événement important dans sa vie : celui du décès de sa mère (1994). Il s’agit d’une situation de deuil qui est une « réaction à la perte d’une personne aimée… » (S. Freud, 1915, 146). Et c’est cette perte de la personne aimée qui a pu être à l’origine de l’état dépressif du sujet. En ce sens, on peut noter que la situation de deuil est un facteur à l’origine de la décompensation de Thomas. Dans ce sens, le deuil vécu par Thomas peut être considéré comme un facteur déclenchant de la pathologie du sujet. Ce qui veut dire qu’avant ce deuil, Thomas aurait déjà été fragilisé ? Quelles sont ces situations qui ont pu le fragiliser ?

En ce qui concerne la compréhension du cas Thomas, on pourrait aussi souligner l’existence d’une problématique identitaire. Etant de père Fang 175 et de mère Gisir 176 , il pourrait y avoir chez le sujet une difficulté d’identité sociale qui pourrait avoir des conséquences sur le plan psychique. Si Thomas appartient bien à l’ethnie Gisir, c’est parce qu’il est né et a grandi dans cette société. Il est imprégné des croyances de la société de sa mère. D’ailleurs, il est initié au Mwiri 177 , rite de passage rencontré dans la période adolescente ; il porte même une responsabilité que sa famille maternelle lui a confiée : « Les parents m’ont fait asseoir sur un fauteuil avec le travail entre mes mains ».

En ce qui concerne la culture Fang, Thomas ne la connaît que par le nom qu’il porte ou par le canal des vacances scolaires qu’il allait passer chez son père géniteur. Ainsi, si Thomas s’identifie à sa culture Gisir, il convient de noter que de temps en temps, il utilise son patronyme d’origine Fang lorsqu’il se présente. Ce qui permet de voir le va et vient entre ses deux cultures. A certains moments, il se dit Gisir, à d’autres, il est Fang ou encore les deux. Seulement, cette double appartenance sociale, lorsqu’elle n’est pas bien assumée peut être à l’origine d’une instabilité identitaire chez le sujet ?

Notes
175.

Groupe linguistique situé dans le nord et le centre du Gabon.

176.

Ethnie rencontrée dans le sud du Gabon.

177.

Rite de passage pour adolescents rencontré dans le sud du Gabon.