3.1.2. Les réponses« chauve souris »

J’entends par réponse « chauve-souris », toutes les réponses données par les sujets et qui ont une relation avec le mot « chauve-souris ». En effet, de nombreuses réponses apparues au Rorschach d’Angèle, Pierre, François, Thomas font allusion au terme de chauve-souris.

Au Rorschach, la réponse « chauve-souris » peut être vue par le sujet à certaines planches. Dans le monde occidental, cette réponse est considérée comme une banalité. C’est-à-dire qu’elle perçue par un grand nombre d’individu qui l’interprète. Cependant, dans la société gabonaise, elle peut prendre un autre sens. En effet, en tant qu’animal nocturne, la chauve-souris est un animal maléfique. Pour cela, elle est rattachée à l’Evu par le mal qu’elle implique. Or, tout ce qui se fait la nuit s’oppose à l’ordre et à la vie sociale et se fait sur la base de la méchanceté et l’agressivité comme la sorcellerie. Il s’agit alors de « pratiquer la sorcellerie ». Cette représentation de la chauve-souris est valable chez tous les peuples vivant au Gabon. Dans ce sens, la chauve-souris est assimilable à un sorcier qui fait du mal.

  • En ce qui concerne Angèle, la réponse « chauve-souris » apparaît à l’enquête de la planche V : « Je vois comme si c’est l’oiseau qu’on appelle « Dupung  » (Chauve-souris en langue Ipunu ) ». Le plus intéressant aurait été de faire préciser la signification de cet animal pour le sujet.
  • Quant à Pierre, c’est à la planche V qu’il fait allusion à la chauve-souris : « ça ressemble à une chauve-souris, un animal ». A l’enquête, la réponse est complétée par un mouvement caractérisé par le déploiement des ailes. Mais c’est dans le choix négatif que la chauve-souris est reconnue comme un animal nuisible, comme symbole du vampire.
  • Pour François, cette réponse apparaît à l’enquête de la planche I, après un retournement de la planche : «…V Quand on regarde comme ça, ça fait penser à une chauve-souris » ; puis à la planche V : « ça me fait penser à un oiseau…une chauve-souris, mais surtout une chauve-souris » et dans le choix négatif : « ça me fait penser à la chauve-souris. On dit que la chauve-souris est diabolique ».
  • Chez Thomas, la réponse « chauve-souris » apparaît à la première réponse de la planche I : « …C’est une chauve-souris qui vole. C’est peint en couleur noire… ». Cette réponse est accompagnée d’une angoisse accentuée par la masse de la couleur noire de l’image. A la première réponse de la planche II, on note : « …c’est encore une chauve-souris… ». Ce qui montre une certaine répétition chez le sujet. Pour éviter cette répétition le nuance en utilisant un mécanisme maniaque : « …à moins que ce soit le père Noël et sa barbe tombe dessus, un cadeau et le chapeau du père Noël ». A la planche V, la première réponse fait allusion à la chauve-souris : « une chauve-souris… ». Et enfin, la réponse « chauve-souris » apparaît à la troisième réponse de la planche VIII : « ce n’est pas une tenue. Ici, on dirait une chauve-souris qui les attrape comma ça aux mains ».

Dans cette perspective, la plupart des réponses données par les sujets sont accompagnées d’une tonalité dysphorique exprimant le caractère nuisible de cet animal. Et dans ce sens, la chauve-souris est le symbole du « vampire ». C’est un animal « diabolique ». A côté de ces représentations utilisées par les sujets, il y en a d’autres en relation avec certains termes tels : « monstre », « démon » et « diable » (François, planches IV, V ou Gaston, planche IV ou encore Patrick, planches I et IV).