Ce sont les réponses qui tournent autour de deux pôles : l’un en relation avec le Bien et l’autre avec le mal. On peut noter aussi des expressions telles que « bon » et « mauvais ». A cela, s’ajoutent des réponses binaires ou d’opposition dont la caractéristique est d’être Bien ou mal, bon ou mauvais. De ce fait, on retrouve ces réponses dans de nombreux protocoles tels que ceux d’Angèle, Patrick.
Et l’opposition chrétien/non chrétien, converti/non converti s’inscrit dans celle du Bien/mal, bon/mauvais. En ce sens, un chrétien se caractérise par le Bien, le bon alors que pour le non chrétien, le non converti, il s’agit du mal, du mauvais. Par rapport à ces oppositions rencontrées dans les discours des patients, on peut se référer à ce que M. Klein (1934) a appelé le « bon » et le « mauvais objet ».
Par ailleurs, à travers ces réponses d’opposition, se pose aussi la question de l’ambivalence chez le sujet. Pour M. Klein (1934), il s’agit d’une attitude où le sujet possède deux sentiments de nature opposée (bon/mauvais). Chez certains sujets, cette ambivalence se caractérise par la présence des notions telles que : Bien/mal, converti/non-converti, bon/mauvais, etc. Un sujet sait ce qui est de l’ordre du Bien mais est aussi capable de faire du mal. C’est aussi celui qui est converti à la religion chrétienne mais qui peut se comporter comme une personne non-convertie, utilisant les croyances traditionnelles. L’existence de ces deux sentiments peut être à l’origine de désirs contradictoires provoquant un conflit chez le sujet. Ce qui peut correspondre parfois à la mise à l’écart des croyances traditionnelles, c’est-à-dire au rejet du mauvais objet par le sujet
Dans le troisième volume intitulé L’origine des manières de table, C. Lévi-Strauss (1968) 204 s’intéresse aux mythes dont les termes s’opposent entre eux par conjonction et disjonction (semblable-différent ; fermé-ouvert, etc.) et la façon dont ils passent d’un état à un autre.
Chez Angèle et Thomas, on note la présence des éléments crédiques en rapport avec le christianisme (Dieu, homme d’église, prière, la croix, etc.). En faisant allusion au Bien et au mal, bon et mauvais, Patrick se réfère aussi au christianisme, à la conception judéo-chrétienne. Par ailleurs, on peut aussi noter dans le discours de ces patients des réponses en rapport avec les croyances traditionnelles : chauve-souris, masque, génie, dont le point commun est la nuisance.
Claude Lévi-Strauss, L’origine des manières de table. Mythologiques III. Paris, Plon, 1968, 475 p.