1. Le « projet projectif »

Le « projet projectif » s’inscrit dans le prolongement des travaux de P. Roman (1991) sur le « fil projectif ». Par projet projectif, il faut entendre « l’ensemble de la problématique d’un sujet actualisé du fonds intime-étranger du sujet au contact de la matérialité d’un test projectif et de la présence du clinicien » (D. Dérivois, 2004, 213). A cet effet, au cours de la situation, C. Chabert et F. Brelet (2003) indiquent-elles au moins trois pôles : le sujet qui projette, le clinicien et le test où ce qui est mobilisé participe à la mise en scène et à la construction du projet projectif. Ainsi, le projet projectif est « le projet du Moi pris dans l’ici et maintenant de la relation clinique entre le passé, le présent et l’avenir, entre le dedans, le dehors et le ni dedans/ni dehors, entre les réalités biologiques, matérielle et psychique » 229 .

Dans ce projet projectif, l’utilisation des méthodes projectives permet au sujet de représenter et symboliser (R. Roussillon, 1998) 230 . Dans ce sens, l’application de cette méthodologie projective aux représentations culturelles a permis de noter l’existence des « noyaux de croyance ». Dans son travail sur la clinique des « personnalités-bordure », L. Brolles (2002) 231 s’interroge sur les effets liés à la rencontre entre l’objet primaire et l’activité représentative, à travers la méthodologie projective. Pour cela, l’auteur parle des réponses « bordure ». Il en va de même pour D. Dérivois (2004) qui, à partir de la clinique antisociale, fait ressortir certains indicateurs comme les réponses « coupure », « espace », « liquide », « gazeux », etc.

Ainsi, dans le cadre de cette recherche, et sur la base de ces approches, l’utilisation du Rorschach et du TAT a permis de ressortir certains indicateurs comme les réponses « prière  », « masque », « Bien/mal », etc. Ces réponses se sont trouvées en complète relation avec celles obtenues au cours des observations cliniques et des entretiens.

Au cours de la situation projective, c’est aussi à travers le test, et en particulier la planche, que se déroule le projet projectif.

Notes
229.

Daniel Dérivois, Op. cit, p. 213.

230.

René Roussillon, Désir de créer, besoin de créer, contrainte à créer, capacité de créer. Chouvier B. et al., Symbolisation et processus de création. Paris, Dunod, 1998, pp. 158-171.

231.

Lisbeth Brolles, Survivre au désespoir : processus limite, identité, symbolisation. Apport des méthodes projectives dans la clinique dans la clinique. Thèse de doctorat de Psychologie, Université Lumière-Lyon 2, 2002, 376 p.