2.1. Le relationnel comme mode de symbolisation

Le relationnel joue énormément dans l’expression de certaines formes. En effet, celles-ci peuvent s’exprimer selon que le sujet se sente en sécurité ou non. En même temps, selon qu’il sache qu’il va être écouté par son interlocuteur. Ce qui implique une dimension du transfert, et par conséquent, du contre-transfert. S. Freud (1914) 234 parle de transfert pour montrer ce qui se passe au cours de l’analyse où le sujet revit certaines expériences de son passé. Il s’agit de toute relation inconsciente unissant le sujet à un autre qui est pris comme support de ce qu’il n’est pas mais qu’il pourrait être.

A travers cette relation, le patient traduit en acte ce dont il ne se souvient pas et le traduit à l’égard du médecin. Pour cela, il s’agit d’un transfert qui n’est lui-même qu’un fragment de répétition. Et c’est dans ce sens que H. Searles (1979) 235 note que dans la clinique transférentielle, l’autre occupe une fonction essentielle qui est celle de compléter l’appareil psychique du sujet. En tant que répétition, il s’agit de symbolisation.

L’acte de représentation, véritable démarche expressive (comme on l’a vu dans le niveau expressif), soulève la question de l’intersubjectivité. En ce sens, le niveau relationnel s’inscrit d’abord dans une démarche intersubjective où l’objet est construit à partir du transfert. Dans le transfert issu de la cure, S. Freud (1914) parle d’intersubjectivité pour signifier la rencontre de deux psychismes : celui du patient et celui de l’analyste. Ce qui montre l’existence de la relation entre deux objets. Dans le cas de la représentation de maladie mentale par le phénomène de la sorcellerie, il y a une relation entre le sujet, le patient et l’autre, c’est-à-dire le père, la mère, l’oncle, la tante (sorciers présumés), et cela, par l’intermédiaire des croyances à la sorcellerie.

L’utilisation des représentations culturelles, « objets médiatisants », se fait en référence avec quelqu’un (père, oncle, tante présumés sorciers) ou une entité (les esprits, les ancêtres). A partir de ces représentations, il y a une relation d’objet qui est établie. Relation qui est interrompue lorsque l’individu est dans l’incertitude ou quand il est dans une situation conflictuelle avec son environnement. Mais à partir des croyances à la sorcellerie, la relation d’objet est établie de nouveau, même si elle se trouve « déformée ». Ainsi, les croyances à la sorcellerie peuvent-elles constituer un objet de relation car elles permettent encore au sujet d’être en relation avec son environnement, même s’il s’agit d’une relation persécutive. De ce fait, il y a un déplacement de la relation d’objet sur l’objet, ensuite il y a une reprise de cet objet comme objet de relation (C. Guérin, 1992) 236 .

Notes
234.

Sigmund Freud (1914), Remémoration, répétition et élaboration. La technique psychanalytique. Paris, PUF, 1967.

235.

Harold Searles (1979), Le contre-transfert. Paris, Gallimard, 1981, 340 p.

236.

Christian Guérin, L’objet de relation ou la transparence de l’obstacle, à propos d’un film de W. Wenders Paris-Texas. Actes des Journées d’études du COR : Objet culturel, travail psychique, Arles, Hôpital François-Imbert, pp. 117-147, 1992.