2.2. La relation transférentielle à travers le processus représentationnel

A travers les processus de représentation, la dimension transférentielle est prise en compte, même dans une situation de recherche. L’objectif pour un chercheur clinicien est d’en tenir compte afin d’essayer de recueillir un maximum d’informations. Mais trop considérer le transfert peut risquer de renforcer ses effets. Toutefois, le transfert peut aussi être mis entre parenthèse afin de se décentrer du sujet vers l’objet. Ceci n’est possible que s’il y a excès de transfert. Soit les représentations sont prises en compte dans la relation. Ce qui nécessite la connaissance de ces représentations ou croyances présentées. Soit elles ne sont pas prises en compte suite à un excès de transfert. En effet, lorsque les représentations et les croyances sont envahissantes et débordantes, cela peut entraîner une décentration du sujet sur l’objet.

Dans une position méthodologique classique, il s’agit de tenir compte de ce transfert qui est au cœur même du dispositif thérapeutique. Car c’est à l’intérieur de celui-ci que peut avoir lieu l’expression et la signifiance. Sur la base de l’objet représentation, il s’agit d’ajuster le dispositif et ses objectifs dans le but de saisir les réalités psychiques en jeu. Le niveau relationnel s’inscrit dans une démarche symbolique. En effet, pour être en phase avec son niveau d’investissement, l’objet est inscrit dans une fonction ritualisée et sacralisée. Pour cela, l’objet devient un objet utilitaire. Par exemple, selon les croyances, chaque sujet va posséder ses rituels. Pour les chrétiens par exemple, la croyance en Dieu développe des pratiques de prières, de jeûnes, la participation aux cultes, etc. Alors que pour les croyants traditionnels, il y a les rites initiatiques, l’utilisation des fétiches (sens anthropologique), etc.

En tant qu’activité représentative, les rituels participent à la construction et au développement du narcissisme. En effet, ces rituels seront sacralisés à tel point qu’ils vont participer à la restauration de l’identité du sujet, à la réparation de son image de soi. Par exemple, certaines personnes disent souvent que s’ils vont bien, c’est avec la grâce de Dieu. Et qu’en « étant en christ », rien ne peut les atteindre ; ils deviennent invulnérables. Pour ces derniers, il suffit d’être un bon croyant et d’avoir la foi pour bénéficier des grâces de Dieu ou pour réussir sa vie. Pour les croyants traditionnels, l’initiation permet à l’individu de se protéger contre les mauvais sorts, d’être à l’abri des sorciers, d’être intouchables. Ainsi, cette sacralisation des croyances participe à la valorisation de ces représentations. Par cette valorisation, ne s’agit-il pas d’une valorisation personnelle du sujet dans le but de son accomplissement ?

L’absence peut poser un problème de compréhension de la problématique du sujet. Le refus par le sujet de mentionner certains événements, sous prétexte qu’elle est à l’hôpital et qu’on n’y parle pas de « choses des noirs », pose la question des aléas dans la relation avec le sujet. En rester là, en tenant compte seulement des symptômes énumérés par le sujet, risque de poser une difficulté dans la compréhension de la problématique du sujet. Or, il paraît important de tenir aussi compte de la dimension subjective du sujet, à savoir comment ce dernier élabore et s’approprie l’objet.

Ainsi, sujet et objet peuvent constituer le cadre à certains moments ; ils doivent faire partie du processus. Leur relation n’est pas fixée à l’avance comme principe. Et c’est en tenant compte de ce processus que l’expression et la signifiance sont possibles. Ce qui demande alors un ajustement du dispositif et les objectifs de la recherche, en tenant compte des réalités psychiques, individuelles et groupales, en jeu.