1.1. La répétition comme expression d’un vécu traumatique

D’un point de vue clinique, la compréhension du phénomène de répétition peut renvoyer à celui du traumatisme. Quelques travaux ont pu mettre en relation le phénomène de répétition avec celui de traumatisme. S. Freud (1914) 240 s’intéresse à ce phénomène de répétition dans la cure en particulier. En voulant saisir les représentations refoulées dans le travail de cure, l’auteur se rend compte des limites de la remémoration des représentations. Cependant, les patients mettent en scène et en acte dans leur vie (hors de la cure) toutes sortes de choses. Ainsi, pour S. Freud, ce qui ne peut être remémoré revient par la répétition et à l’insu de sujet.

Par ailleurs, ayant saisi ce phénomène de répétition, S. Freud (1914) va le mettre en relation avec la question du transfert. Dans ce sens, il s’agit d’un phénomène répétitif, d’une reviviscence d’anciennes émotions. Et pour cela, la répétition est considérée comme un transfert. En tant que tel, c’est une résistance susceptible de paralyser le développement de la cure. Et c’est à travers ce transfert que va se mettre en lumière le fonctionnement de la répétition qui, par son interprétation, va conduire à la cure. De ce fait, si par la répétition, il y a reviviscence d’anciennes émotions chez le sujet, que symbolisent alors les représentations existant dans le discours du sujet, responsables de la répétition ?

De même, S. Freud (1920) soulève encore cette question de la répétition. En prenant l’exemple d’un jeune enfant de dix-huit mois, s’amusant à lancer sous un meuble, c’est-à-dire hors de sa vue, une bobine attachée à un fil, puis à la ramener à lui en disant fort (« parti »), da (« voilà »), S. Freud note la relation entre le départ de sa mère et son retour. Que représentait pour l’enfant la mise en scène de cette situation douloureuse ?

Pour S. Freud (1920), cette mise en scène représentait le retour incessant des images du trauma. Car pour l’auteur, lorsqu’un sujet ne peut intégrer un événement, ni l’abstraire de sa conscience (par le refoulement), il prend valeur de traumatisme. Afin de permettre une adaptation du sujet, ce traumatisme doit être symbolisé. Pour cela, il va apparaître sous forme de rêves, de mise en acte, d’images qui sont une tentative de maîtrise et d’intégration dans l’organisation symbolique du sujet. Ainsi, la répétition a une fonction qui est celle de réduire le trauma. Cependant, il arrive que cette fonction ne remplisse pas sa mission. Ce qui soulève la question de son échec. Dans ce cas, elle est sans cesse renouvelée. D’où l’automatisme, la perpétuation. Quelles relations y a-t-il avec les patients qui font usage des représentations ?

Notes
240.

Sigmund Freud (1914), Remémoration, répétition, perlaboration. La technique psychanalytique, Paris, PUF, 1953, pp. 105-115.