1.2. La répétition comme expression de l’échec de la maîtrise du trauma

Selon S. Freud (1920), la répétition est la conséquence de l’existence du trauma. Par la répétition, le sujet tente de l’annuler. Dans cette perspective, il ne s’agit plus d’un fonctionnement basé sur le principe de plaisir. En revanche, Par contre, pour S. Freud, le premier des traumas est celui de la naissance. Par la répétition, le sujet est ramené à la naissance, c’est-à-dire à l’origine de la vie. Dans ce sens, la répétition est la conséquence du trauma originel et structural. D’où la difficulté du sujet à l’effacer. Mais ce trauma va s’intensifier au cours de la vie du sujet.

Cependant, J. Lacan (1966) théorise le concept de répétition de deux manières. D’une part, la répétition est reliée au symbolique, c’est-à-dire à un réseau de signifiants. En effet, par la répétition, ce sont les signifiants qui font sans cesse retour. Ces signifiants dépendent d’un signifiant premier disparu originellement. Et c’est cette disparition originelle qui a pour valeur de traumatisme inaugural. D’autre part, pour J. Lacan (1973), le concept de répétition est lié au réel. En effet, en se servant de deux concepts aristotéliciens, la « tuchê » et l’« automaton », l’auteur désigne par ce dernier le principe de la chaîne symbolique. Alors que la « tuchê » est ce qui est à l’origine de la répétition, ce qui déclenche le trauma. Cette répétition est le réel, c’est-à-dire l’impossible à symboliser.

Ainsi, par la répétition, il y a une mise en présence d’un objet. Il s’agit d’un objet perdu que le sujet rend présent qui est la représentation comme l’indique le sens étymologique latin. En remplaçant par une autre chose ou par une autre personne un objet perdu, il y a une présentification de l’objet se faisant par la pensée. Dans la société gabonaise, face à la maladie mentale, il y a la référence aux croyances, en particulier aux croyances à la sorcellerie. Et ces croyances répétitives s’observent dans tous les cas de figures, quel que soit le phénomène en cause (maladie, échec, accident de la circulation, etc.). Et cela n’est possible que lorsqu’il y a défaut d’explication objective dudit phénomène. Dans le cas des maladies dites « surnaturelles », par exemple la maladie mentale, par faute de guérison ou par faute d’explication objective, il y a une référence à ces croyances. Dans ce sens, la référence aux croyances, notamment traditionnelles pour expliquer l’objet maladie mentale est-elle une mise en présence ?

Ce qui m’amène à noter qu’il y aurait un lien entre la répétition et la symbolisation chez le sujet. D’où l’hypothèse selon laquelle la répétition serait une symbolisation, c’est-à-dire une capacité pour le sujet à élaborer psychiquement ses conflits personnels. Et cette symbolisation se fait grâce à l’utilisation des signifiants culturels, à savoir les représentations culturelles, en particulier les croyances.