2. Répétition, lien et symbolisation

A travers ce qui vient d’être dit, l’objectif est de saisir les processus psychiques qui sous-tendent la répétition et le lien. Autrement dit, ce qui se répète et se lie. Ayant travaillé sur les passages à l’acte toxique chez les adolescents, Derivois (2003) 241 note que :

« Quand on répète un acte, on symbolise l’acte ou quelque chose à travers cet acte. Quand on symbolise, on répète. Si la répétition est une tentative et un effort de symbolisation, la symbolisation est répétition ».

Comme cela a été vu au précédemment 242 , la répétition se caractérise par l’idée du même et de la différence. Dans cette perspective, il existe deux formes de répétition : soit une répétition conduisant à une impasse. C’est le processus de « répétition-répétition » ; soit un processus de « répétition-symbolisation ». Celle-ci se caractérise par l’utilisation du même, du différent et de l’inattendu. En effet, dans cette symbolisation, il y a la prise en compte de la subjectivité du sujet. Subjectivité qui dépend des expériences intra et intersubjectives du sujet. Pour C. Athanassiou-Popesco (1995, 1625), « la répétition serait une reproduction à l’identique afin de parvenir à une transformation allant dans le sens d’une symbolisation de l’expérience ». Mais comment le même, le différent et l’inattendu participent-ils à la symbolisation ?

Dans la symbolisation, il y a la symbolisation du même qui subit une transformation sous l’influence des motions pulsionnelles. Dans ce sens, apparaît l’inattendu. Par ailleurs, il existe aussi la symbolisation du différent qui est le résultat de l’inattendu. Dans cette perspective, la symbolisation est la résultante de cet écart même/différent qui permet de donner sens à l’inattendu. La clinique des représentations se caractérise non seulement par la « répétiton-répétition » mais aussi par la « répétition-symbolisation ». C’est une répétition à double vitesse.

Mais la répétition pose aussi la question du lien car il ne s’agit pas d’une répétition au hasard. Le lien ou la liaison est vue comme cette capacité qu’a le sujet de mettre en relation deux ou plusieurs éléments, à savoir un signifié et un signifiant, un représenté et un représentant. Dans ce sens, quelque chose est mis en lien à partir d’un intérieur non reconnu comme tel vers un objet. De ce fait, celui-ci devient le représentant d’un signifié se trouvant au « dedans » du sujet. Et cette représentation se fait inconsciemment. Ainsi, le lien peut être une symbolisation. S. Freud (1915) parle de processus de liaison permettant de relier les pulsions à l’objet. Il y a alors une mise en relation entre deux objets, ici l’objet et la pulsion.

Ainsi, les processus de répétition et de lien participent au processus représentionnel, par conséquent au processus de symbolisation. Comment s’opère ce processus ? Qu’est-ce qui se répète, se lie et se symbolise ?

Notes
241.

Daniel Dérivois, Passages à l’acte toxiques et passages à l’acte agressifs à l’adolescence. Processus de répétition et de symbolisation. Apports de la méthodologie projective. Thèse de doctorat de Psychologie, sous la direction de Pascal Roman, Université Lyon 2, 2003, 333 p.

242.

Voir Première partie, chapitre 3.