2.4. La sorcellerie

La sorcellerie repose sur une conception du « mal » venant de l’extérieur. En se référant au cas Angèle 268 par exemple, on peut noter l’importance accordée à cette problématique de la sorcellerie par e sujet. La tante, l’oncle et même les parents géniteurs (avant leur décès) sont des sorciers et seraient à l’origine de ses difficultés. En tant que pratique, la sorcellerie se caractérise par l’acte anthropophagique qui consiste à « manger la chair humaine ». D’un point de vue psychologique, se pose alors la problématique du fantasme de la dévoration, renvoyant ainsi aux pulsions orales.

D’un point de vue psychologique, il convient de noter plusieurs aspects. Selon M-C et E. Ortigues (1984), la sorcellerie anthropophagique correspondrait au niveau prégénital oral. Au niveau formel, il s’agirait d’une fantasmatique duelle, avec toute l’ambivalence que cela comporte, avec passage immédiat et circulaire de l’actif au passif. Sur le plan du contenu fantasmatique, il s’agirait d’un thème de dévoration-incorporation. Au niveau du vécu, l’angoisse est massive, indifférenciée, sidérante ; c’est la vie même qui est ressentie être en jeu immédiatement et non telle ou telle de ses possibilités. Dans ce sens, on peut noter que cette relation conflictuelle se situe entre le sujet et sa tante ou son oncle considérés comme des sorciers.

Ainsi, on peut noter qu’à travers toutes ces croyances, les sujets soulèvent des problématiques conflictuelles précises. I. Sow (1977) note que les représentations traditionnelles sont des expressions et des développements possibles du conflit. Chaque croyance exprime un type de conflit que le sujet a avec con environnement familial et social. Cependant, l’utilisation de chaque représentation tiendra compte du fonctionnement et de la structure de la personnalité du sujet. Dans cette perspective, les représentations traditionnelles, en tant formations culturelles, expriment des conflits psychiques du sujet et sont à l’origine des théories étiologiques traditionnelles. Selon I. Sow (1977, 144), sur les plans psychologique et psychopathologique, ces représentations reposent sur :

« un modèle d’explication et une mise en thème du conflit individuel et interindividuel, de valeur thérapeutique, dans la mesure où elle constitue l’un des cadres intellectuels dans lesquels viendra se couler l’angoisse existentielle : angoisse de perte de substance personnelle. De même que seront conçus comme conflits relationnels : l’échec social personnel, certaines maladies organiques ou psychosomatiques qui appellent, comme cadre préconstruit et comme thème, le fétichage ou la maraboutage (pays musulmans) ».

Notes
268.

Voir Annexes.