1.3. L’histoire de la maladie

Angèle situe l’origine de sa maladie dans son enfance. En effet, pour Angèle, avant sa souffrance était physique ; elle maigrissait énormément et vivait des échecs. Elle n’avait pas des troubles mentaux. C’est suite à ces problèmes que Angèle s’était fait initiée au « mbumba » (1987), puis au rite de la « torche indigène » (1988). Etant donné que les problèmes persistaient, la patiente était allée se faire initier au « ngondi » (1991).

En 1999, après avoir accepté «  la parole de Dieu », par sa conversion à la religion protestante, commence à se manifester chez Angèle les premiers troubles : « Un jeudi, j’étais allée à l’église et à mon retour, j’avais commencé par me disputer avec les gens à la maison. Je jetais mon linge et je criais. L’esprit de la folie m’avait dit que tu es en deuil, jette tes habits. J’ai trié mes habits d’un côté ceux qui avaient la couleur noire et de l’autre ceux qui étaient en rouge. Je n’aimais plus les habits qui avaient la couleur noire et certains habits en rouge. Du nombril jusqu’aux pieds, les habits en rouge voulaient dire le sang de Jésus. Alors que de la tête, le haut jusqu’au ventre, l’habit rouge voulait signifier que le rouge était la « rose croix » et mon oncle voulait me sacrifier. Il fallait m’en débarrasser. Toute la nuit, j’étais dehors en train de louer (prier). Je ne savais pas que j’avais des crises de folie. Voyant cela, ma sœur chez qui j’habitais s’était rendue compte que j’avais des crises de folie ».

Les troubles se caractérisent par des grands accès de colère sans motifs valables, des cris ; elle parlait tout seul ou entendait des voix qui lui parlaient ; elle était agitée au point que ses enfants lui avaient été pris pour qu’ils aillent vivre avec leur père.

Suite à ces troubles, Angèle a été conduite à l’église. Une semaine après, elle a été conduite chez un nganga sur conseils de sa tante paternelle. Selon les nganga, la patiente est victime de malédiction de la part des parents. Cependant, ne voyant pas la situation évoluer, « mon grand-frère et mon oncle qui est sénateur m’ont déposé chez la tante car ils disent que c’est elle qui me rend malade ». De là, la patiente a pu suivre un traitement chez un nganga et son état a commencé à s’améliorer. Mais le traitement avait été inachevé car la tante n’avait pas accepté de sacrifier le mouton comme l’avait exigé le nganga. Ce qui avait pu entraîner des conflits à l’origine du départ de chez la tante. Elle décide alors d’aller habiter chez le pasteur de l’église qu’elle fréquente. Ce pasteur marié devient son amant. Quelques mois plus tard, Angèle rechute.

La deuxième crise (avec presque les mêmes symptômes) remonte au cours du mois de mai 2002. Ayant appris la rechute de Angèle, son frère et son oncle viennent la chercher pour la conduire dans une église à l’église éveillée de Branam. Suite au manque d’évolution favorable de son état, la patiente est amenée à l’hôpital psychiatrique de Mélen où elle est internée depuis six mois et où elle commence à aller mieux : « Quand je suis venue ici, c’est comme si j’avais le SIDA, j’étais très maigre. C’est ici où j’ai pris ce poids. Je n’avais plus de poitrine. Au quartier quand tu passes, tu n’as pas les seins, tu tournes au rigolo. Ici, à l’hôpital, les seins sont déjà sortis ».

Toutefois, il est à signaler chez Angèle une lenteur idéative et psychomotrice liée certainement à l’effet des médicaments ou encore un état d’hébétude.