3. Protocole et analyse du TAT

A ce niveau, il s’agit de faire l’analyse et l’interprétation des protocoles du TAT obtenu chez la patiente.

Planche 1 : 5’’ « Un gars qui avait sa guitare et la guitare s’est cassée et voilà comment il est soucieux. Il va chercher à réparer ça. Il y a foutu et être en panne. Il va chercher à réparer, s’il ne peut pas, il va jeter….(?)…Ca se voit qu’il ne veut plus continuer et ce sont ses parents qui le forcent de continuer à jouer le violon. Il ne veut plus parce que ce n’est pas adapté à lui. Il veut essayer d’autres instruments de musique comme le piano ». 1’

Procédés : Après un court temps de latence, le sujet commence par un récit proche du contenu manifeste (A1-1, gars, guitare), suivi d’une fausse perception liée à une altération de l’objet (E1-4, guitare cassée), à l’origine de l’expression d’un affect minimisé (A3-4, « soucieux »). On peut noter aussi la présence d’une idéalisation de type mégalomaniaque (E2-2, chercher à réparer). L’introduction des personnages (B1-2, parents) entraîne chez le sujet un investissement de la relation, avec un accent porté sur les désirs et représentations contrastés, ceux des parents et les siennes (B2-3, forcent de continuer à jouer le violon ; guitare/piano).

Planche 2 : 3’’ « Ici, ça représente…. Cette femme-là, elle doit être chrétienne. Je vois comme si c’était la bible qu’elle a dans ses mains. Et sa manière de s’habiller, elle est comme chez nous, comme si elle était branamiste (Branam). Elle n’a pas de bijoux. Elle porte une longue robe. Et puis, celle-là, je vois comme si elle est en grossesse. Elle est aussi habillée comme nous. Comme si c’étaient des chrétiens. Je vois un homme qui est habillé et qui n’a pas de haut ; il a un pantalon. A côté de lui, il y a un cheval. Et puis, on dirait que l’homme-là est en train de travailler….. Un jour de dimanche, tous les chrétiens doivent aller à l’église. Cet homme a deux femmes. Il y une qui va à l’église et l’autre non car elle écoute ce que son mari lui dit. Elle n’aime pas l’église et elle est en grossesse. Son mari est en train de faire le jardin et la femme est là. Comme elle est en grossesse, peut être c’est la fatigue, elle assiste encore…Ca ressemble à un paysage romain ». 4’

Procédés : Après un court temps de latence, la description de la réalité externe (A1-1, femme chrétienne, homme, femme en grossesse) est précédée par une précaution verbale (A3-1, « ça représente »), puis d’un silence dérapant sur des perceptions sensorielles (E1-3, « je vois ») précédée par une précaution verbale (A3-1, « comme si ») La description des détails (A1-1, « livre ») se fait avec altération de la perception (E1-2, E1-3, bible, manière de s’habiller, pas de bijoux) et de référence culturelle (A1-4, « …à l’église.), montrant un certain investissement de la réalité interne (A2-1, « chrétienne »). Dans ce sens, l’accent est mis sur l’éprouvé subjectif et les références personnelles (CN-1, « …Et sa manière de s’habiller, elle est comme chez nous, comme si elle était branamiste… Elle est aussi habillée comme nous. Comme si c’étaient des chrétiens») et sur les relations interpersonnelles (B1-1, « Cet homme a deux femmes… »), avec des évocations des désirs contrastés (B2-3, « …Il y a une qui va à l’église et l’autre non…. Elle n’aime pas l’église… »). Le récit se termine par un autre remâchage (A3-1, « comme si elle est en grossesse ») et une référence à la réalité externe (A1-1, A1-4, « un paysage romain »).

Planche 3 BM : 6’’ « Je vois comme si c’était une femme assise, comme si elle a des problèmes. C’est une blanche. Comme si c’était la même femme qui restait avec son mari… Je vois comme si elle pleurait. Comme si c’est la femme qui ne voulait pas aller à l’église. Elle a eu des déceptions avec le mari. Là, elle regrette….( ?)…L’enfant voulait peut être faire une chose qu’il aime bien et que les parents n’ont pas voulu. Je crois que ça va s’arranger. Peut être que les parents trouvent que ce n’est pas bon pour lui. Mais l’enfant ne veut pas comprendre parce qu’il aime bien faire cette chose-là.». 2’

Procédés : Le récit commence une description de la réalité (A1-1, « femme assise ») qui est précédée d’une précaution verbale (A3-1, « comme si ») et d’un appui sur le sensoriel (CL-2, « je vois ») montrant une difficulté de fantasmatisation. Puis, il y a investissement de la réalité interne, avec expression des conflits intra-personnels, avec un doute (A3-1, A2-4, « comme si elle a des problèmes »). Le sujet s’appuie sur une description de la réalité externe, apportant une précision (A1-2, « C’est une Blanche »). Il s’en suit une projection massive se caractérisant par une persévération, un minimum de contrôle et un silence (A3-1, E2-1, « Comme si c’était la même femme restait avec son mari… »). La suite montre une dramatisation avec l’expression des affects forts précédée d’un appui sur le sensoriel et d’une précaution verbale (CL-2, A3-1, B2-2, « Je vois comme si elle pleurait). Il y a une projection massive du sujet basée sur la persévération avec expression des affects (E2-1, B2-1, « Comme si c’est la femme…. Elle a eu des déceptions, elle regrette ».). On note aussi l’introduction des personnages non figurant sur l’image (B1-3, « le mari »).

La projection massive aboutit à une confusion des identités (E3-1, Le femme, l’enfant) et l’introduction d’autres personnages dans le récit (B1-3, les parents), avec une expression des désirs contrastés (B2-3, « L’enfant voulait peut-être faire ce qu’il aime bien et que les parents n’ont pas voulu »).

Planche 4 : 3’’ « La même histoire qui continue. Je vois comme si le mari voit maintenant bien les choses et reprendre celle qui partait à l’église et accepter aussi le seigneur. Derrière, c’est celle qui était en grossesse. Elle regrette le mari que l’autre a déjà pris. Elle est maintenant seule….( ?)…Les deux étaient amoureux. Mais il me semble qu’elle va finir par lui expliquer, ensuite ils vont reprendre.». 2’40

Procédés : On note une persévération (E2-1, « La même histoire continue »), avec une projection massive (E2-1), un appui sensoriel (CL-2, « je vois ») avec précaution verbale (A3-1, « comme si »). On note aussi la référence culturelle ou religieuse (A1-4, le Seigneur). Il y a une description de la réalité, avec précision de la position (A1-2, « derrière ») avec une projection massive et une persévération (E2-1, « c’est elle qui était en grossesse »). On note un remâchage (A3-1, « Elle regrette le mari que l’autre a déjà pris ».). La fin du récit se termine par l’investissement des relations interpersonnelles (B1-1), avec un accent porté sur l’éprouvé subjectif (CN-1, « Les deux étaient amoureux. Mais il semble qu’elle va finit par lui, ensuite ils vont reprendre »).

Planche 5 : 4’’ « Ici, c’est le foyer de la femme en grossesse. Elle attend le mari. Il ne vient plus. Elle est maintenant seule…….20’’. Comme si elle ne voit plus le mari. Elle veut voir quelque chose, comme si c’est le mari qu’elle attend….( ?)…C’est une dame qui a une déception, peut être qu’elle a trouvé le mari avec une autre femme et peut être qu’elle veut refermer la porte complètement et repartir ». 4’

Procédés : Le récit commence par une projection basée sur une fausse perception (E2-1, E1-3, « c’est le foyer de la femme en grossesse »). Puis, il y a introduction d’un personnage et investissement des relations interpersonnelles, avec un long silence (B1-1, B1-2, « Elle attend le mari ; il ne vient plus ; elle est maintenant seule… »). Il s’en suit une émergence de la projection massive avec des précautions verbales aboutissant à la représentation de la déception (E2-1, A3-1, B2-4, « Comme si elle ne voit plus le mari….peut-être qu’elle a trouvé le mari avec une autre femme… »).

Planche 6 GF : 4’’ « Comme si c’est celle qui partait à l’église. Et le mari veut partir chez elle. La femme est étonnée de voir comment l’homme est venu chez elle alors qu’il aimait celle qui était en grossesse et qui ne partait pas à l’église… Le mari a la pipe. A l’église, on ne fume pas. On dirait que la femme ne veut pas la recevoir car l’homme n’est pas encore converti, délivré car il a encore la pipe. A l’église on ne fume pas….( ?)…Le jeune homme va faire ce qu’il veut car il a la conviction de le faire ». 1’50

Procédés : Le récit commence par une persévération (E2-1) de l’histoire précédente. L’accent est porté sur les relations libidinales entre la femme et le mari, avec expression d’affects (B1-1, B1-3). La description de la réalité (A1-1, « Le mari a une pipe ») aboutit à l’expression des représentations et des désirs contrastés (B2-3, « A l’église, on ne fume pas. On dirait que la femme ne veut pas le recevoir car l’homme n’est pas converti, délivré car il fume… »).

Planche 7 GF : 1’’ « La femme qui était en grossesse a accouché et sa fille est déjà grande, comme si le mari ne s’occupe d’elle et son enfant ». 1’50

Procédés : Le récit s’organise autour de la description de la réalité avec introduction d’un personnage et une projection (A1-1, B1-2, E2-1).

Planche 9 GF : 2’’ « Comme si la femme a déjà compris, en voyant les misères qu’elle passe avec l’enfant, elle a compris qu’il faut aller à l’église avec sa fille. Puisqu’elle a vu que le mari va maintenant à l’église ». 2’

Procédés : Le récit commence par une précaution verbale (A3-1, « comme si ») qui précède une projection, avec la persévération et inadéquation par rapport au stimulus (E2-1) et une fausse perception (E1-3, la femme et sa fille). A travers ce récit, l’accent est porté aussi sur la fonction d’étayage (CM-1).

Planche 10 : 2’’ « Là, l’homme s’est déjà converti et il est maintenant ensemble avec celle qui allait à l’église ». 1’50

Procédés : Il y a investissement de la relation libidinale entre l’homme et la femme (B1-1), avec une référence culturelle ou religieuse (A1-4) comme ayant permis cette mise en relation.

Planche 11 : 2’’ « Je ne vois rien. Je vois comme si c’étaient des cailloux ». 20’’

Procédés : Le récit repose sur une description de la réalité (A1-1), avec un appui sur le sensoriel (CL-2, « je ne vois rien….je vois.. »), accompagnée d’une précaution verbale (A3-1, « comme si »).

Planche 13 MF : 5’’ « Celle-là…C’est comme s’il fait matin. Il a dormi chez la chrétienne. Il pense aux choses qu’il faisait avant. Je vois une femme couchée. Comme s’il est réveillé pour aller à l’église. Je vois la cravate ». 2’

Procédés : A peine le récit commencé, qu’il est ponctué d’un silence à l’issu duquel s’en suivent une précaution verbale et une précision temporelle (A3-1, A1-1). On peut noter la présence d’un mécanisme d’isolation (A3-4), avec une référence culturelle ou religieuse (A1-4). Puis, il y a une projection due à la recherche de l’intentionnalité de l’image (E2-2), avec l’expression des commentaires personnels (B2-1). Il y a description de la réalité externe (A1-1, « femme couchée ») reposant sur un appui sensoriel (CL-2, « je vois »). Le récit se termine par une projection, avec inadéquation du thème au stimulus (E2-1, « …il est réveillé pour aller à l’église », précédée d’une précaution verbale (A3-1). Il y a une fausse perception reposant sur un appui sensoriel (CL-2, E1-3, « Je vois la cravate »).

Cependant, on peut noter un scotome (E1-1) par rapport à la nudité de la femme qui n’est pas évoquée. Ce qui entraîne chez le sujet une formation réactionnelle se caractérisant par le fait d’aller à l’église.

Planche 19 : 15’’ « Je ne vois rien. ». 20’’

Procédés : Il y a scotome de l’image et le sujet s’appuie sur le sensoriel (E1-1, CL-2). Il s’agit d’une tendance à l’inhibition (CI-1).

Planche 16 : 2’’ « Je vois le blanc, la couleur blanche. C’est l’histoire-là qui continue. La fin de l’histoire se trouve sur ce papier. Un homme qui avait deux femmes, une partait à l’église et l’autre non. Celle qui partait à l’église, c’est celle-là qui a gagné le mari. ».

Procédés : Le récit commence un appui sensoriel (CL-2) avec description de la réalité externe (A1-1). Il y a un remâchage de l’histoire (A3-1, B2-1) qui est à rebondissement. Il y a chez le sujet un investissement de la réalité interne se caractérisant par un recours au fictif (A2-1), avec un accent mis sur l’introduction des personnages et sur les relationnelles interpersonnelles (B1-2, B1-1) et des représentations et des désirs contradictoires (B2-3).