2.1. Psychogramme

2.2. Analyse du Rorschach

A la planche I, on peut noter un signe de méfiance chez le sujet (regarde derrière la planche) ou encore une dénégation : « Je ne sais pas » Ces signes montrent l’existence d’une angoisse chez le sujet. A tel point que la réponse donnée est précédée d’une précaution verbale, d’une minimisation et d’un aspect vague : « quelque chose » que le terme brouillée confirme.

La réponse est vue dans son ensemble et le sujet arrive à donner des détails à l’enquête. Ici, la réponse donnée fait allusion au mécanisme d’intellectualisation ; le sujet fait référence à des connaissances scientifiques. Il est à rappeler que Pierre est élève en série scientifique.

Par rapport à la symbolique de la planche, le sujet peut être confronté à des difficultés par rapport aux relations précoces, aux objets précoces, notamment la mère. Par cette réponse d’ordre scientifique, le sujet essaie de rechercher de façon anxieuse l’affection de ses premiers objets en se cachant derrière un masque intellectuel.

A la planche II, il existe une persévérance de la première planche. Sauf qu’à l’enquête, une réponse est donnée ; elle met en relief le doute du sujet.

A la planche III, la réponse du sujet est banale et élaborée. Ce qui montre une certaine maîtrise de l’angoisse et une capacité d’association de la part du sujet. Par rapport à la symbolique de la planche, le sujet semble avoir atteint la période oedipienne sans difficulté, montrant ainsi une certaine capacité d’identification à l’objet.

En revanche, la non interprétation ou la dénégation de la couleur rouge exprime une difficulté pour le sujet à maîtriser son agressivité. Il y a dénégation de l’agressivité. Il existe, de ce fait, un mouvement pulsionnel de type agressif qui entraîne une formation réactionnelle chez le sujet. Le verbe d’action vague, imprécis (« en train de faire des choses ») devient à l’enquête : « de la préparation » ou encore « travailler » (Dans le choix positif).

A la planche IV, on note un retournement de la planche. Ce qui peut sous-tendre l’existence d’une angoisse chez le sujet. Le long temps de latence, la précaution verbale (« ça peut avoir la forme ») expriment bien cette angoisse du sujet. L’image est bien perçue dans son ensemble, peut-être pour essayer de maîtriser son angoisse.

D’un point de vue symbolique, le sujet peut avoir des difficultés d’identification par rapport à l’image phallique. Mais qui peut représenter ce phallus chez le sujet ? Quelles représentations le sujet a de cette image phallique ? Est-elle nuisible comme il l’exprime dans le choix négatif ?

Sur le plan familial, le sujet vit avec sa mère et ses frères et sœurs. Il n’a jamais connu officiellement son père géniteur. Mais il essaie de s’accrocher à une image paternelle qu’il investit et qui était le concubin de sa mère. Et qu’il considère comme son père alors que sa mère lui dit le contraire. Ainsi, cette planche est problématique pour le sujet.

A la planche V, la réponse donnée est banale. Ce qui montre une certaine construction de l’identité achevée du sujet. La réponse « animal » qui suit vient montrer une fragilité quant à cette identité. A l’enquête, la réponse donnée exprime un mouvement pulsionnel d’exaltation signifiant une certaine liberté par rapport à son identité.

Ainsi, la question est de savoir si le sujet se sent opprimé ? Ce qui revient à saisir quel est le poids de l’image phallique sur lui ? Quelles représentations se fait-il de son image de soi ? Est-il nuisible, vampireux comme il l’exprime dans son choix négatif ?

A la planche VI, de la même façon qu’aux planches précédentes, l’image est perçue dans sa globalité. L’absence de réponse à cette planche peut signifier une difficulté du sujet à se faire une représentation. Le commentaire du sujet porte sur le caractère symétrique de l’image. Du point de vue symbolique, cela peut renvoyer au double, c’est-à-dire à la question des représentations des relations. De ce fait, quels types de relation le sujet entretient avec l’objet ? Comment se caractérisent ces relations ? Est-ce que ces relations s’établissent sur le mode du déjà vu ?

Par ailleurs, la difficulté des relations à l’objet pose aussi celle de la relation à soi. Dans ce sens, existe-t-il une difficulté dans l’appréhension de son image de soi chez le sujet ? D’un point de vue symbolique, cela pourrait signifier une difficulté pour le sujet par rapport aux représentations de l’image sexuelle.

A la planche VII, le long temps de latence, les retournements de la planche et le regard derrière la planche sont l’expression d’une angoisse chez le sujet. De même, la réponse est précédée d’une précaution verbale. Cette angoisse peut être aussi un signe de méfiance de la part du sujet.

La réponse est perçue dans sa globalité mais avec mauvaise qualité formelle. Ce qui montre une difficulté du sujet par rapport à l’objet maternel. Il existe chez le sujet une tentative anxieuse de recherche d’affection de l’objet maternel. Mais le sujet se cache derrière un masque intellectuel. La relation avec la radiographie pourrait aussi être liée au fait que qu’il a fait des radiographies notamment du thorax, pour pouvoir comprendre l’origine de son mal de poitrine lié certainement à la consommation des produits toxiques (cigarettes, alcool, chanvre, etc.).

A l’enquête, la réponse est divisée en deux parties : celle qui se voit et celle qui ne se voit pas. Cette dernière peut-elle être l’objet de méfiance ou d’une persécution ? Autrement dit, la mauvaise partie de l’image maternelle peut-elle être persécutrice ?

A la planche VIII, on note des retournements de la planche sous-tendant une certaine angoisse. Celle-ci se vérifie à travers les différents commentaires du sujet dans lesquels il y a une dénégation : « Je ne sais pas de quoi il s’agit ». De même, l’absence de réponse montre bien l’importance de cette angoisse.

Une fois de plus apparaît la question de la symétrie chez le sujet. Par rapport à la symbolique de la planche, il existe un problème de représentations de relations se caractérisant par une difficulté relationnelle avec le monde extérieur, mais aussi un problème de représentation de soi.

L’enquête montre que le sujet, une fois de plus, recherche anxieusement une affection de la part de l’environnement. Mais cette recherche se fait par l’intellectualisme. Il est à rappeler que le sujet va souvent rendre visite à un monsieur qu’il considère comme son père et qui était le concubin de sa mère. Alors que cette dernière ne veut pas qu’il y aille car, selon elle, il se comporte mal.

A la planche IX, il y a retournement de la planche accompagné d’un long temps de latence, suivi d’une dénégation et d’une absence de réponse. La réponse du sujet se limite à la perception des couleurs puis il s’ensuit une dénégation. Ne s’agit-il pas d’un effet intense des couleurs perçu par le sujet qui est à l’origine de cette augmentation du temps de réaction et de l’absence de réponse ?

A l’enquête, le sujet essaie de maîtriser l’objet mais avec des mauvaises qualités formelles en général, créant ainsi une incertitude chez lui qui peut se justifier par la précaution verbale de départ. Les réponses « anatomique » caractérisent cette planche. Quel est alors le problème que pose le sujet par rapport à son anatomie ?

A la planche X, le long temps de latence et la dénégation montrent la poursuite l’angoisse à cette planche. L’absence de réponse, même pas à l’enquête, montre la peur du sujet à se morceler. Par ailleurs, il peut aussi s’agir de l’effet des couleurs. Cependant le sujet pose aussi le problème de la symétrie. Ce qui montre toujours cette difficulté dans les représentations des relations et des représentations de soi.