2.1. Psychogramme

2.2. Analyse du Rorschach

A la planche III, le sujet se situe dans l’abstraction : « deux êtres ». Cette abstraction apparaît au niveau des planches couleur. Par cette abstraction, il s’agit d’une symbolisation pour le sujet. François essaie de lutter contre l’angoisse de morcellement ou contre les mouvements pulsionnels. Il est à noter que le sujet est confronté à un problème où ses beaux-parents ont demandé à leur fille, qui est sa femme de le quitter, de divorcer suite à sa maladie. De ce fait, le sujet vit dans l’espoir de garder sa femme, d’où la formation réactionnelle : « …deux êtres qui s’aiment d’un amour uni pour le meilleur et pour le pire ».

Ce symbolisme de l’amour s’appuie sur des expériences personnelles du sujet. Ces réponses abstraction est le résultat d’une série de transformations existant chez le sujet. On peut noter le passage des images en symboles, en abstraction. Il existe aussi le mécanisme de l’intellectualisme chez le sujet. Par ailleurs, il existe aussi d’autres mécanismes, à savoir la dévitalisation. Tous ces mécanismes sont le signe d’un syndrome schizophrénique.

A la planche IV, le sujet fait allusion à une figure mythique à dimension persécutive. La suite de la planche porte sur l’utilisation de l’imaginaire chez le sujet. Cette dimension persécutive est en relation avec l’image phallique. Mais qui assume cette image phallique chez les parents ? L’image phallique a une dimension persécutive. Celle-ci se caractérise par la présence d’un sentiment de peur, de frayeur chez le sujet : « …le démon avec ses cornes… ».

Cependant, le sujet essaie de maîtriser sa peur en utilisant la fantaisie : « un spectre, comme ces êtres qu’on voit dans les films, les dessins animés ». M. Wawrzyniak (2000) note l’importance de la fantaisie, de l’imaginaire chez lui permettant de mieux vivre ses angoisses. Dans ce sens, l’utilisation de l’irréel a pour fonction chez le sujet d’évacuer l’angoisse qu’il vit. C’est à travers cette irréalité, se caractérisant par l’image du « démon avec ses cornes » qu’il peut exprimer son angoisse. Mais celle-ci est aussitôt refoulée par des images moitié réelles (spectres, êtres vus dans les films, dessins animés). L’utilisation de l’imaginaire à cette planche peut-elle être la suite de l’abstraction rencontrée à planche précédente ?

A la planche V, le sujet commence par une précaution verbale et une hésitation. Ce qui peut être certainement lié à l’angoisse suscitée par la planche antérieure, et aussi à la représentation à venir, la chauve-souris considérée comme diabolique. La réponse banale du sujet montre une certaine adaptation à la réalité. Ce qui lui permet de se libérer de ses angoisses. L’utilisation du pronom personnel (« …me fait penser… ») et le temps de réaction très court montrent bien non seulement l’implication du sujet mais aussi la facilité de l’image lui permettant cette adaptation.

A la planche VI, le sujet émet une interjection (« Alors, là ! »). Ce qui montre l’effet qu’a eu l’image sur le sujet. S’agit-il d’une image originale ? Il y a dans tous les cas un sentiment d’étonnement chez le sujet. Ce qui a pour conséquence l’émergence des réponses détails. L’échec ou la présence de l’angoisse se fait ressentir par la mauvaise qualité formelle de la réponse. L’hésitation entre « totem indien » et « masque » soulève une difficulté à laquelle est confronté le sujet. Mais quelle en est-elle ?

La deuxième réponse, bien que banale, est synonyme de cette angoisse vécue par le sujet. En plus, il y a dévitalisation. Le sujet réagit contre l’angoisse en donnant une réponse banale. Ainsi, face à cette planche à symbolisme sexuel dominant, le sujet revit ses angoisses liées notamment à la difficulté à assumer les représentations sexuelles masculines et féminines, malgré une certaine adaptation à l’image féminine.

A la planche VII, le sujet entre dans la planche par une position renversée ; ses réponses sont détaillées afin de mieux maîtriser les représentations. Mais malheureusement, il y a échec car les formes qui y sont associées sont mauvaises. Pour cela, François essaie de saisir la représentation dans sa globalité mais avec un caractère vague.

A travers les images, la fumée à l’origine des représentations vagues et imprécises, le sujet vit des angoisses, des difficultés à délimiter le dedans et le dehors, la forme et le fond. Ce qui est à l’origine de la perte de repères stables dans l’appréhension de son image de soi et du monde extérieur. Quelles relations peut-il y avoir avec la symbolique de cette planche qui est féminine ? Ces difficultés sont-elles en relation avec l’image de sa mère ou de celle de sa femme ?

Au-delà de la relation avec la mère qui est ambivalente, soit bonne, soit conflictuelle, François est très inquiet car sa femme voudrait le quitter. Ses beaux-parents ne voudraient plus que leur fille continue à être l’épouse d’une personne malade, hospitalisée. La réponse à l’enquête montre bien cette difficulté à sortir de cette situation. En annulant une représentation, François la remplace par une autre de même sens. A la différence que la deuxième réponse est mieux adaptée car elle peut constituer une lueur d’espoir : « …les nuages lorsque ça se dissipe… » ; espoir dans la relation à la mère ou à la femme.

A la planche VIII, François comme ses réponses par une défense maniaque comme pour lutter contre ses angoisses accumulées aux planches précédentes. Il s’agit d’un mécanisme de formation réactionnelle qui se caractérise par la beauté de l’image. Cette représentation est certainement facilitée par la première planche pastel. Cette défense maniaque est suivie d’une précaution verbale et d’une alternative avec une interrogation. Ce qui montre la difficulté pour le sujet à donner une réponse directement, une difficulté à se déterminer. Lorsque la réponse est donnée, elle est associée à une référence culturelle (« l’emblème de la République »). La suite de la réponse est bien perçue mais est considérée par le sujet comme faisant partie de la réponse globale.

Ainsi, cette réponse s’inscrit pour le sujet dans le cadre d’un symbolisme conventionnel. A ce niveau, je note une certaine dévitalisation du règne animal en symboles, niant toute relation. Ce qui peut signifier pour le sujet une façon de lutter contre tout lien, toute relation avec l’environnement. Liens qui s’inscrivent dans une banalité. D’où sa référence au symbolisme conventionnel. En plus, le sujet prend en compte l’image symétrique (« deux animaux »).

A la planche IX, l’entrée dans l’interprétation se fait par une précaution verbale qui peut être une façon pour le sujet d’atténuer la violence des représentations suscitées par l’effet des couleurs. La deuxième réponse exprime la force du pulsionnel, du mouvement : « …guerre d’Hiroshima, bombe atomique… ». La troisième réponse exprime le vide. Ainsi, il y a des mouvements chez le sujet suscités par la configuration de cette planche. Ce qui montre l’importance des motions pulsionnelles, de la libération des processus primaires. Cette planche favorise ces mouvements. Dans ce sens, peut-il s’agir d’une recherche de libération sexuelle ou d’affirmation du sujet sur ce plan ?

A la planche X, on note une réapparition de la même défense maniaque. La réponse perçue, accompagnée d’une précaution verbale, fait appel à une représentation imaginaire (« ange »). Cette réponse constitue-t-elle une formation réactionnelle par rapport à la planche IV où le sujet a perçu la présence d’un démon ?

Cette défense maniaque permet au sujet de lutter contre l’éparpillement que suscite la planche. A cette défense maniaque, s’ajoute une formation réactionnelle représentée par l’image de l’ange dont la mission est la « rédemption ». Cette image rédemptrice s’oppose à celle du mal représentée par les planches IV et V, avec les représentations de « démon » et de « diable ». Mais pourquoi ces deux planches ? Que peut représenter le démon et le diable pour le sujet ? Peuvent-ils permettre de comprendre la question des croyances du sujet ?

Les planches IV et V représentent d’une part la planche phallique et d’autre part celle de l’intégration du Moi.