3. Protocole et analyse du TAT

Planche 1 : 3’’ « C’est l’histoire d’un enfant qui s’interroge sur son avenir qui a des doutes parce que ses parents veulent qu’il devienne un musicien. Apparemment, il se pose des interrogations car il n’arrive pas à bien utiliser son violon et il a l’air déçu. Il se pose des interrogations. C’est tout. Apparemment, c’est bien mon cas. Je me pose la question sur mon avenir…(?)...Là, il fera appel aux parents et leur expliquer qu’il n’arrive pas à bien utiliser son violon. Les parents lui expliqueront pourquoi, s’il a de l’engouement, il réussira. » 2’.

Procédés : Après un court temps de latence, le sujet fait référence à la réalité, en s’attachant aux détails (A1-1 : «…un enfant… »). Puis l’accent est mis sur la réalité interne du sujet, notamment sur les conflits intrapsychiques (A2-4 : « …qui s’interroge sur son avenir, qui a des doutes… »). Ces conflits portent sur des désirs contradictoires : ceux des parents et les siens. La présence des mécanismes obsessionnels (A3-1 : « …se pose des interrogations… ») montre bien l’insistance de ce conflit. Ce qui va aboutir à l’utilisation d’un procédé labile, avec expression d’affects, accompagnée d’une précaution verbale (B1-3 : « …il a l’air déçu… »). Cette labilité entraîne un investissement narcissique, avec des références personnelles (CN : « …apparemment, c’est bien mon cas… »). Mais le sujet va terminer son histoire par l’utilisation des procédés antidépressifs, en s’étayant sur ses parents (CM : « …Il fera appel aux parents… »).

Planche 2 : 3’’ « ça c’est l’histoire d’une dame…qui aime la lecture, qui aime s’évader…Et apparemment, le cadre dans lequel elle vit ne l’intéresse pas. Sûrement, elle aimerait aller en ville. Elle ne se considère pas comme une paysanne. Elle rêve de beaucoup d’espace….Sa mère et son père sont fatigués de lui parler qu’aller en ville ce n’est pas bien pour elle. Sa vie et son destin, c’est de rester à vivre à la campagne…Apparemment, elle part pour retrouver un avenir meilleur. Elle est en train de partir avec ses bouquins mais elle regarde une dernière fois le paysage ». 2’50

Procédés : On note un investissement de la réalité interne chez le sujet (A2-1 : « ça, c’est l’histoire… ») qui se caractérise par un recours au fictif. Celui-ci repose sur une description des éléments de la réalité (A1-1 : « …dame… »). L’utilisation des précautions verbales (A3-1 : « …sûrement ; apparemment… », des précautions verbales (A1-2 : « ville », « campagne ») et des références sociales (A1-3 : « paysanne ») montre l’importance des procédés rigides chez le sujet. Dans ce sens, l’accent est mis sur les conflits intra personnels portant sur le désir et l’interdit des parents (A2-4 : « …sa mère et son père sont fatigués de lui parler… »).

Planche 3 : 5’’ « ça c’est un moment de tristesse. Apparemment, c’est quelqu’un qui souffre, qui a besoin de réconfort. Son objectif est de dormir mais n’arrive pas. En fait, il voudrait trouver le confort même au pied du lit mais n’arrive pas. La personne se sent délaissée et a besoin d’amour. Apparemment, pour qu’elle sorte de là, il faut qu’on lui apporte de l’amour. Il aura cet amour parce que c’est pour un instant qu’il s’est senti seul ». 1’50

Procédés : On note une expression des affects chez le sujet (B1-3 : « …moment de tristesse…quelqu’un qui souffre… »).

Planche 4 : 6’’50 « Un homme qui a commis une infidélité…Il aime sa femme mais se détourne de son regard parce qu’il a honte de l’acte qu’il a posé. Il n’arrive plus à la regarder dans les yeux car il est sorti avec une prostituée…Apparemment, ils s’aiment et ils s’aimeront toujours ». 1’33

Procédés : D’entrée, on note chez le sujet une référence à la réalité externe, avec une description de la planche (A1-1 : « un homme »). Puis, il s’ensuit un investissement de la relation, avec une expression d’affects (B1-3 : « …infidélité…aime sa femme… honte »). L’introduction d’un personnage (B1-2 : « prostituée ») dans l’histoire montre cette importance accordée à la relation.

Planche 5 : 13’’ « ça c’est l’histoire d’une dame qui a entendu du bruit dans sa maison. Ça peut être son mari qui est en train de commettre une infidélité, compte tenu de son absence. Apparemment, ce qu’elle voit la déçoit ; elle a un grand étonnement. Apparemment, la maison est en désordre parce qu’elle n’était pas là pour entretenir sa maison. Ça va s’arranger puisqu’elle est revenue ». 2’

Procédés : Le sujet commence par un investissement de la réalité interne, avec un recours au fictif (A2-1 : « ça, c’est l’histoire… ». Puis, il y a l’utilisation d’un symbolisme transparent (B3-2 : « une dame qui a entendu du bruit dans sa maison »), pouvant renvoyer aux fantasmes sexuels et de scène primitive. On note aussi un investissement de la relation, avec introduction d’un personnage non figurant sur la planche (B1-2 : « son mari »). L’utilisation d’une précaution verbale (A3-1 : « peut-être », « apparemment »), procédés obsessionnels, permet de modérer l’affect fort (B2-2 : « la déçoit »). Ce qui aboutit à une annulation de la pensée de départ (A3-2 : « Apparemment, la maison est en désordre parce qu’elle n’était pas là pour entretenir sa maison. Ça va s’arranger puisqu’elle est revenue »).  

Planche 6 BM : 5’’ « ça c’est l’histoire d’un jeune homme qui vient rencontrer sa maman après une longue absence. Apparemment, il a perdu son papa puisqu’il est touché. Et il est très proche de sa mère maintenant parce qu’elle est la seule qui puisse l’aider et remonter son moral. Et tout ira pour lui parce que sa maman a un regard fixé vers l’avenir ». 1’30

Procédés : En recourrant au fictif, le sujet essaie de décrire la réalité (A2-1 ; A1-1: « ça, c’est l’histoire…un jeune homme…sa maman… »). Puis, le sujet utilise des procédés labiles, avec l’introduction d’un personnage non figurant sur l’image (B1-2 : « son papa », accompagnée d’une expression d’affect (B1-3 : « il est touché »). L’histoire se termine par l’utilisation d’un procédé obsessionnel, un remâchage (A3-1).

Planche 7 BM : 6’’ « ça c’est la tendresse entre un père et son fils. Un fils qui veut devenir comme son père…. Et le fils a commis une désobéissance. Il a l’air inquiet et désolé. Apparemment, ça va s’arranger puisque les deux s’aiment….C’est mon histoire avec mon père ça ». 1’09.

Procédés : Le sujet met l’accent sur des relations interpersonnelles, avec expression d’affects (B1-1 et B1-3 : « ça, c’est la tendresse entre un père et son fils »). On note une idéalisation de la représentation d’objet, dans sa valence positive (CN-2 : « Un fils qui veut devenir comme son père »), défense permettant au sujet d’éviter le conflit qui est annulé (A3-2 : « Apparemment, ça va s’arranger puisque les deux s’aiment »). Cette histoire s’appuie sur des détails narcissiques, avec une référence aux éléments personnels (CN-1 : « C’est mon histoire avec mon père ça »).

Planche 8 BM : 13’’ « ça, apparemment, c’est un meurtre qui est en train de se créer. C’est une intervention chirurgicale. Soit quelqu’un qui a tiré sur une personne ou bien…Sachant que le problème de son père doit s’arranger. Il est conscient de l’acte qu’il vient de poser. Et les médecins sont en train de tout faire que ça se cicatrise encore ». 2’04

Procédés : On note une projection massive avec une expression crue liée à une thématique de meurtre (E2-3 : « c’est un meurtre qui est en train de se créer »). Puis, survient une annulation (A3-2 : « c’est une intervention chirurgicale »). On note une persévération des fantasmes agressifs (E2-1 : « Soit quelqu’un a tiré sur une personne… »), avec anonymat des personnages qui se termine par une alternative ou une hésitation (CI-1, CI-2 : « quelqu’un », « une personne », « ou bien »). Le sujet termine son récit par un remâchage (A3-1).

Planche 10 : 5’’ « ça c’est l’amour entre un homme et une femme. Ils partagent les mêmes sentiments. Apparemment, comme si un drame venait de se passer mais ils sont unis l’un à l’autre. Ils s’aiment d’un amour profond et ils se sentent rassurés, enlacés…Et pour eux, à cet instant là, le monde n’existe plus derrière eux. Ils vivent l’instant présent qui s’annonce à eux… Ils s’aiment d’une tendresse passionnée ». 2’13

Procédés : L’accent est mis sur les relations interpersonnelles, avec une expression des affects et une érotisation des relations (B1-1, B1-3 et B3-2 : « C’est l’amour entre un homme et une femme. Ils partagent les mêmes sentiments… »). Puis, on note un remâchage, accompagné de précautions verbales (A3-1).

Planche 11 : 4’’ « Apparemment, ça, c’est un château maudit. Et là il y a une grosse bête…Un démon, ça a une forme palmipède, on dirait un oiseau, un poisson. Le démon survole les airs. Apparemment, il y a d’autres petits démons qui vont au château. Ils sont deux ». 1’37

Procédés : On note une fausse perception et une inadéquation du thème au stimulus (E1-3 et E2-1 : « C’est un château maudit. Et là, une grosse bête »). Puis, il y a évocation du mauvais objet, avec une thématique persécutive (E2-2 : « un démon, ça une forme palmipède….Le démon survole les airs…d’autres petits démons qui vont au château… »).

Planche 13 MF : 2’’ « Là, c’est un peu comme moi. Il a violenté sexuellement sa femme et il regrette……Là, la femme a l’air exténué…comme si elle est morte……Apparemment, il est prêt à faire appel à l’aide pour que quelqu’un vienne l’aider. Mais il prend son temps. Apparemment, il a un calepin comme s’il va appeler quelqu’un ». 2’17

Procédés : D’entrée, l’accent est porté sur les références personnelles du sujet (CN-1 : « …c’est un peu comme moi… ». Ces références sont en rapport avec une thématique sexuelle et agressive, à l’origine d’une désidéalisation de la représentation de soi. (E2-3 et CN-2 : « …Il a violenté sexuellement sa femme… »). De ce fait, il s’en suit une expression d’affects forts (B2-2 : « …il regrette… »). Les précautions verbales (A3-1 : « un peu », « comme si », « apparemment »), les hésitations viennent atténuer les pulsions agressives auxquelles le sujet est confronté. L’introduction d’un personnage anonyme non figurant sur l’image vient servir d’étayage au sujet (B1-2, CI-2 et CM-1 : « …il est prêt à faire appel à l’aide pour que quelqu’un vienne l’aider…comme s’il va appeler quelqu’un »).

Planche 19 (Tourne la planche et la dépose sur la table) : 25’’ « ça c’est une œuvre d’art. Il y a parfois le mystique et tout ce qui est angélique. Là comme si c’était un oiseau. Là, le fantôme …les yeux blancs. Là, on dirait un soldat. C’est comme si c’était une vague de la mer ou tout cela se produit ». 1’51

Procédés : En mettant en avant une référence culturelle (A1-4 : « œuvre d’art »), on note un surinvestissement de la réalité extérieure (CF-1). Ce qui permet au sujet de s’inscrire dans un évitement de conflit. Mais la réalité interne prend le dessus sur la réalité externe, en recourrant au fictif (A2-1). Ce qui aboutit à l’expression d’une projection massive, avec une thématique persécutive (E2-2 : « …le fantôme…les yeux ouverts »).

Planche 16 : 50’’ « C’est l’histoire de ma vie. Elle commence en juin et a toujours été un commencement à partir de cette date : mes crises, les voix que j’entends la nuit qui m’interpelle. Je n’avais pas voulu casser cette dame-jeanne. Maintenant je paye le prix. Je n’ai jamais voulu faire de mal. La division et la séparation de mes parents m’ont divisé et être têtu est comme pour moi un moyen de sauvegarde. J’aime les miens. J’aime quiconque et je pense que je ne laisserai jamais quiconque. J’ai envie d’aller en France pour me ressourcer, pour oublier tous les présages de mes malheurs. Comme on dit, nul n’est prophète chez soi. J’aurais aimé me marier à l’église en avril 2005, un 5 ou un 11, si ça tombe un dimanche. J’aime mes enfants, surtout la toute dernière Nathalia. J’aime ma femme malgré les quelques infidélités que j’ai pu commettre. J’aime tout le monde, docteur Mbungu, Dr Mayombo, Dr Bitsi… ». 4’58.

Procédés : D’emblée, le sujet met l’accent sur les références personnelles (CN-1 : « c’est l’histoire de ma vie… »). Dans ces références, il s’appuie sur la réalité externe, avec des précisions temporelles (A1-1 : « …elle commence en juin et a toujours été un commencement à partir de cette date… »). On note aussi un évitement de conflit chez le sujet, en mettant l’accent sur le factuel (CF-1) ou sur l’éprouvé subjectif (CN-1). Ce qui aboutit à une altération du discours,avec des associations courtes, des coq-à-l’âne (E4-3, E4-4).