1.2. Anamnèse

Madame O. A. est l’unique fille d’un paysan et d’une paysanne, tous deux décédés lorsqu’elle avait déjà atteint l’âge adulte. Ses parents ont constitué un couple uni et relativement stable. Elle note qu’ils s’entendaient bien et n’étaient pas particulièrement méchants. Dans ce milieu où l’éducation s’applique souvent par les coups, elle pense qu’elle a été, de loin, moins frappée que ses congénères.

Vers l’âge de 10 ans, Madame O. A. fait un passage éphémère à l’école où elle s’arrête en deuxième année du cours primaire (CP2). Après trois années passées au couvent, chez les sœurs catholiques, elle retrouve la cellule familiale. Quelque temps après, elle se marie.

Très tôt vers 16-17 ans, Madame O. A. va en mariage avec un « parent » plus ou moins éloigné selon les préceptes coutumiers. Elle rompt cette première union. Après, elle épouse son mari actuel. De la première union, elle obtient deux filles qui, très jeunes, depuis l’âge de 4 ans, sont élevées par l’actuel mari. De la dernière union, elle n’obtient aucun enfant. Cependant, elle trouve la mari avec ses trois enfants nés d’une union antérieure. Ces derniers ne réussissent pas à l’école. Ce n’est pas le cas de ses deux filles qui deviennent, l’une secrétaire, l’autre infirmière à Libreville. Souvent, ces filles approvisionnent leur mère et leur beau-père en bien de toutes natures. Régulièrement, elles reviennent pendant les vacances dans la maison familiale.

Cependant, ce mariage a ceci de particulier que le couple vit un conflit ouvert permanent entretenu par le mari, à l’insu des filles. Souvent, la femme a manifesté le vœu de mettre un terme à leur union, à la grande stupéfaction de ses filles. Ce sont elles qui, chaque fois ont minimisé l’intensité du conflit. Elles lui ont, chaque fois, persuadé de rester en mariage.

Le mari est un alcoolique connu. Il rate pas une occasion pour vilipender sa femme chaque fois et la menace : « Un jour, on verra !, tu t’en orgueillis parce que tes filles sont riches ! ». Insolent, il est, chaque fois, porté à l’insulter publiquement. Dans le scénario qu’il joue, il en fait la risée de la communauté. Généralement, il s’installe au centre de la cour commune, se met sur ses ergots et s’emploie à vociférer. Pendant ce temps, la femme, dans sa case, demeure muette. Quand il ne la menace pas, il fait le tour des voisins pour dire du mal de son épouse. Régulièrement, les médisances dont elle est l’objet lui reviennent. Pourtant, les filles ne sont pas informées de cette tension. Tant et si bien que lorsqu’elles reviennent les vacances à la maison familiale, il reste sobre pendant tout leur séjour. C’est le jour même de leur départ qu’il se met à s’enivrer. Et le cycle reprend.