III.2.Son acquisition

L’apprentissage d’une langue implique de maîtriser certaines dimensions propres à la parole :

  • La phonétique : le répertoire des sons d’une langue ;
  • La phonologie : les structures syllabiques, accentuelles, la réalisation effective des sons d’une langue ;
  • La morphologie : les règles qui définissent les inflexions ;
  • Le lexique : le répertoire des mots et leur définition (la sémantique).
  • Dans le domaine de la perception du langage parlé chez le nourrisson, les premières questions portaient sur le répertoire des aptitudes du nourrisson. Les travaux de P. Eimas et de ses collaborateurs avaient démontré que le nourrisson pouvait percevoir des contrastes phonétiques bien avant de n’en avoir jamais produits (Jusczyk, 2002). Soudain, les chercheurs intéressés par l’acquisition du langage commencèrent à prendre au sérieux la possibilité que le nourrisson y soit biologiquement préparé et qu’il possède des capacités d’acquisition spécialisées.

Quelle est l’étendue de ces capacités à la naissance ? J. Mehler a démontré que le nourrisson discrimine mieux un contraste apparaissant dans des syllabes bien formées, que dans des syllabes qui n’appartiennent pas à sa langue maternelle (Mehler et Bertoncini, 1981). Kuhl, Williams, Lacerda, Stevens, et Lindblom (1992) ont émis l’idée que le nourrisson commence à développer des catégories pour les voyelles de sa langue maternelle dès l’âge de six mois. Ensuite, le nourrisson acquiert des informations sur l’enchaînement des phonèmes (contraintes phonotactiques) qui peuvent apparaître dans sa langue maternelle. Les nourrissons de 9 mois sont sensibles à la distribution typique de l’accent tonique en Anglais (Jusczyk, Cutler et Redanz, 1993). Jusczyk et Aslin (1995) ont également montré les aptitudes de segmentation du signal de parole, pour des bébés de 7 mois et demi. Effectivement ils sont capables de reconnaître des mots cibles présentés isolément, alors que ceux-ci leur avaient été présentés à l’intérieur d’une phrase.

Aujourd’hui, les chercheurs s’intéressent particulièrement à l’acquisition de la grammaire d’une langue, notamment à travers les informations contenues dans le signal de parole (Morgan et Demuth, 1996).