III.4.La prosodie : Rendez-vous du temps et de la parole

Nous venons de décrire deux des nombreuses thématiques abordées dans la recherche en sciences cognitives : le traitement des informations inscrites dans le temps par le système nerveux, et la question de l’acquisition et du traitement de la parole par les êtres humains. Ces champs de recherches se rejoignent dans la prosodie. Celle-ci traduit entre autre la dimension temporelle de la parole, à travers son rythme, sa mélodie, son volume sonore, et son timbre.

S’il est clair que le traitement de la parole s’effectue au cours du temps, il n’est pas aussi évident que les particularités rythmiques de la parole puissent concourir à la compréhension et l’acquisition de la parole. Néanmoins, un champ de la recherche de la linguistique a pour objectif d’étudier les caractéristiques suprasegmentales, comme le rythme. Il s’agit bien sûr de la prosodie, qui définit l’intonation, les accents, les pauses, en fonction du décours temporel des phrases.

La prosodie peut s’organiser autour de trois échelles temporelles :

  1. Une échelle globale, qui caractérise les la totalité des informations prosodiques pour une langue. Par exemple, le rythme permet de distinguer certaines langues.
  2. Une échelle intermédiaire, qui définit des séquences de valeurs sur la durée d’une phrase. Ainsi, l’intonation distingue les différentes émotions qui peuvent être transmises par une même phrase.
  3. Une échelle locale, qui comporte des caractéristiques comme les accents liés à une unité atomique de la parole, comme la syllabe.

Notre objectif est d’adapter un modèle issu des neurosciences au traitement de la prosodie, en vérifiant que ce modèle peut résoudre des tâches d’identification qui s’insèrent chacune dans une des échelles précitées. En outre, nous proposons une simulation pour étudier les problèmes soulevés si le modèle est modifié de façon à perturber le traitement de l’échelle locale.