II.1.2.2.Un processus d’abstraction

Les adultes sont capables à partir d’une séquence, d’abstraire une structure rythmique qui restera identique malgré les variations de tempo. Vers l’âge de 2 à 3 mois, les nourrissons ont été testés avec des séquences ³⁴ soumises à des variations de tempo (Demany, McKenzie et Vurpillot, 1977). Ils perçoivent certaines similitudes pour une même séquence exprimée avec un tempo différent, mais cette opération reste très difficile. Les étourneaux (Hulse, Page et Braaten, 1984) et les pigeons (Miller et Liberman, 1979) montrent également les mêmes performances. Cette abstraction est encore observée lorsque les événements qui ont créé le rythme se sont « évanouis », ou quand le rythme est soumis à de légères fluctuations.

La musique et son interprétation revêtent un paradoxe particulier. Alors que la structure temporelle de la musique et son organisation hiérarchique sont figées sur la partition musicale, il n’en va pas de même au niveau de l’interprétation musicale. ‘ « ’ ‘  Le musicien virtuose joue avec le cadre rythmique qui lui est imposé, jusqu’aux limites de ce cadre, mais sans jamais le violer ; la musicalité est à ce prix et il semble bien que l’oreille n’apprécie pas les rythmes trop réguliers, qui lui paraissent non naturels  ’ ‘ » ’ (Dodane, 2003, p. 34).

La régularité qui apparaît sur la partition n’existe donc dans la réalité de l’interprétation. Pourtant, elle constitue une réalité psychologique pour l’auditeur qui se montre capable d’extraire une pulsation. Le terme de « métrique » désigne ce processus d’abstraction. Même si l’interprétation musicale ne se montre pas parfaitement régulière, elle est donc perçue par l’auditeur comme métrique.

La section précédente a référencé les indices acoustiques, qui permettent de déduire le rythme, et donner quelques indications sur les propriétés des mécanismes, traitant la structure rythmique. Ces indices et ces propriétés se retrouvent-ils dans la parole ?