II.2.2.Traitement du rythme dans la parole

Les auditeurs adultes sont fortement sensibilisés à de nombreux aspects du rythme de la parole :

La perception du rythme dans la parole nécessite donc un certain nombre de traitement. Est-ce que ces mécanismes peuvent être utilisés par les nourrissons ?

Des bébés de 2 mois et demi sont capables d’organiser des sons successifs en fonction des intervalles de temps qui séparent ces sons (Demany et coll., 1977). Les intervalles de grande longueur étaient interprétés comme des pauses. Les nourrissons peuvent distinguer des langues issues de différentes classes rythmiques (Nazzi, Bertoncini et Mehler, 1998). La perception et la représentation de la parole par les bébés tendent à s’affiner. À deux mois, la discrimination entre l’Espagnol et le Catalan nécessite des capacités pour distinguer des propriétés prosodiques plus fines, notamment la position de la proéminence (Bosch et Sebastián-Gallès, 1997 cité dans Ramus, 1999). Enfin, à cinq mois, la discrimination Anglais/Américain suggère que l’enfant utilise des indices phonétiques et/ou prosodiques subtils (Nazzi, Jusczyk et Johnson, 2000). L’enfant acquiert de plus en plus d’informations sur sa langue maternelle, se focalise sur elle et s’intéresse moins aux autres langues. C’est ce que montre, à partir de l’âge de deux mois, l’absence de discrimination dès lors que la langue maternelle n’est pas concernée.

Le mouvement de l’intonation engendre lui aussi certaines sensations rythmiques, qui peuvent être étudiées dans leur globalité. Dans le cas des langues avec des tons lexicaux, la fréquence fondamentale n’est influencée que localement par la coarticulation des tons voisins. En revanche, pour les langues ne possédant pas de ton lexical, la tonalité est déterminée par la totalité de la phrase. Cette caractérisation globale peut-être obtenue par le calcul du coefficient de Hurst (Leavers et Burley, 2001).

Cette section a été consacrée aux caractéristiques globales de la prosodie exprimée donc sur l’ensemble des segments linguistiques. Par le fait, il s’agit principalement du rythme, obtenu par divers indices comme les accents ou la syllabe, mais aussi par les variations de l’intonation. Cependant, l’intonation est le plus souvent décrite sur un ensemble plus réduit que le rythme. Certes, elle garde un aspect suprasegmental, mais ces propriétés se définissent à travers un domaine linguistique intermédiaire comme la phrase. Nous allons maintenant décrire un domaine plus local du Continuum Temporel de la prosodie.