III.2.2.Modèles de traitement de l’intonation

Avant d’aborder la perception de l’intonation chez les êtres humains, nous allons aborder le traitement de l’intonation. Ces modèles se subdivisent classiquement en deux catégories : phonétique et phonologique.

III.2.2.1.Modèles phonologiques de l’intonation

Les modèles phonologiques de l’intonation se fondent sur une représentation phonologique de la F0, c’est-à-dire un alphabet prosodique constitué de catégories discrètes avec une fonction linguistique, qui décrivent une unité particulière de l’intonation.

Une telle transcription de la prosodie et de l’intonation remonte jusqu’au siècle précédent. Les premières écritures se sont inspirées des notations musicales 41 .

De nos jours, le système de notation ToBI (Tones and Break Indices), dérivé des travaux de J. Pierrehumbert (1980), est sans doute le travail le plus influant dans ce domaine. Il repose sur un inventaire des tons : accents de hauteur (tons simples ou complexes), tons de frontières (alignés avec la fin d’une phrase), les accents de phrase (mouvement entre les tons de frontières et les accents de hauteur), plus un indice de rupture (ou pause). Les tons hauts sont notés H (« High ») et L (« Low ») marque les tons bas (Silverman et coll., 1992). Les tons situés à des frontières de phrases sont indiqués par le symbole %. Dans ce modèle, l’intonation est seulement déterminée par des composants locaux. Elle est décrite au niveau de la phrase intonative, constituée de phrases intermédiaires. En outre, ToBI inclut une notation des ruptures entre les mots, décrivant ainsi les séparations entres différentes phrases intonatives, et différentes phrases intermédiaires (Sun, 2002).

Cette notation avait été initialement développée pour l’Anglais, et les langues germaniques, puis elle a subit quelques modifications pour être adaptée à des langues aussi variées que le Japonais ou le Français, même si cette utilisation est controversée (Martin, 2001).

D’autres travaux ont appuyé leur modèle sur la perception de l’intonation. Seuls les mouvement de l’intonation qui sont perçus sont conservés. Une procédure itérative permet d’éliminer les contours de F0, qui n’ont pas d’influence sur la perception de la hauteur. Ensuite, une procédure de standardisation dresse l’inventaire des mouvements intonatifs. Enfin, une grammaire intonative est construite pour exprimer les combinaisons possibles de ces mouvements. Contrairement à l’approche précédente, l’unité intonative minimale est le mouvement de F0 au lieu des tons (Sun, 2002).

Ces modèles fournissent une description de l’intonation à un niveau cognitif. Cependant, ils requièrent l’expertise d’un linguiste connaissant la langue à étudier et ne proposent pas de modèle universel satisfaisant (Buhmann et coll., 2000).

Notes
41.

La thèse de C. Dodane (2003) explicite les différents types d’écriture.