IV.1.1.Les frontières des phrases

A la différence du texte écrit, le langage oral ne contient pas de segmentation explicite fiable, comme des pauses entre les mots. Les bébés perçoivent un discours continu. Le découpage en unités syntaxiques s’effectue par un effet de compétition et de segmentation explicite. Plusieurs source d’informations sont disponibles : les marqueurs prosodiques, les contraintes phonotactiques, et les régularités statistiques.

A 4 mois et demi, les nourrissons préfèrent les extraits de parole, qui sont interrompus à la limite des phrases (Jusczyk, 1989). A 9 mois, ils montrent la même préférence avec des extraits, soumis à un filtre passe-bas (Jusczyk et coll., 1992). Les frontières prosodiques sont marquées par divers indices pour distinguer différentes propositions ou phrases :

  • Les segments phonétiques (voyelles) tendent à être allongés aux frontières de phrases ou de propositions (Morgan et Demuth, 1996 : Klatt, 1975, 1976 ; Klatt et Cooper, 1975 ; Luce et Charles-Luce, 1983 ; Bernstein-Ratner, 1986).
  • L’intonation est descendante à la fin des structures syntaxiques majeures, en particulier pour les phrases.
  • Les pauses apparaissent aux frontières syntaxiques majeures, plutôt qu’aléatoirement dans la phrase, la longueur des phrases reflète la structure hiérarchique des phrases. Les pauses longues sont précédées par des voyelles plus longues et des variations plus grandes de l’intonation (Scott, 1982 ; Fernald et Simon, 1984 ; en Anglais et en Japonais : Fisher et Tokura, 1996, p. 348-349) 50 .

Quels sont les indices employés pour indiquer les frontières entre des segments linguistiques plus petits comme les mots ?

Notes
50.

En musique, l’allongement des notes et la déclinaison de la hauteur se retrouvent avant les frontières musicales (Jusczyk et Krumhansl, 1993).