IV.2.1.Les structures syntaxiques

Venditti et coll. (1996) dressent une étude des rapports entre la syntaxe et la prosodie (intonation) pour le Japonais, le Coréen et l’Anglais. L’Anglais se distingue des deux autres langues par l’utilisation d’accents qui soulignent les mots importants, même si les tons coréens peuvent être interprétés comme des accents. La fréquence fondamentale est un marqueur de la syntaxe, mais aucun algorithme de prédiction ne peut être trouvé. Il n’est par conséquent pas possible de déterminer si la prosodie influe sur l’acquisition de la syntaxe, ou le contraire.

Cependant, les bébés sont sensibles aux rapports entre ces deux structures. Les enfants en bas âges préféreront entendre des paroles segmentées de façon à respecter la syntaxe. Ainsi, à l’âge de 9 mois, les bébés préfèrent le discours dont le sujet est séparé du verbe, tandis qu’ils ignorent celui dont la coupure est effectuée au centre de la phrase (Jusczyk et Kemler Nelson, 1996 ; Gerken, Jusczyk et Mandel, 1994).

La structure prosodique autour des pronoms et des noms sujets est différente. Une pause est encore insérée entre le sujet et le verbe, mais elle est artificielle dans le cas d’un pronom. Les bébés sont plus sensibles à la séparation marquée entre un nom sujet et le verbe (Jusczyk et Kemler Nelson, 1996). Les nourrissons perçoivent une frontière après un pronom dans une question inversée (« Do you like to play baseball » ? ; Gerken et coll., 1994). Les nourrissons de 7 à 10 mois préfèrent les pauses correspondant aux propositions uniquement dans le cas du discours adressé à l’enfant (Kemler Nelson, Hirsh-Pasek, Jusczyk et Wright, 1989). Dans ce contexte, la prosodie apparaît comme un des marqueurs possibles de la syntaxe des phrases. Mais, il existe seulement une congruence partielle entre la syntaxe et la prosodie. Effectivement, des contraintes liées à la compréhension et à la production du discours peuvent imposer une régularité au niveau des phrases prosodiques (Ostendorf et Veilleux, 1994).