I.2.Les enjeux

Nous sommes à une époque de communication multilingue, que ce soit entre êtres humains (au sein des grandes mégalopoles ou par téléphone interposé), ou entre humains et machines (domaine des Interfaces Homme-Machine ou IHM). A cela s’ajoute une demande croissante pour des applications de traitement automatique de la parole qui interviennent de plus en plus dans notre quotidien (dictée automatique, lecture de messages électroniques à distance,…).

Ce constat implique le développement d'applications capables de gérer plusieurs langues et/ou d'identifier une langue parmi d'autres. De tels systèmes peuvent être envisagés dans des tâches d'assistance au dialogue humain (réservation dans des hôtels), au sein d'IHM ou encore dans le cadre de l’indexation multimédia basée sur le contenu, un secteur en pleine expansion. Un système d’IAL prendrait également sa place en amont d’un système automatique de traduction. Le nombre de langues à traduire est très élevé jusqu’à 120 langues différentes, pour une entreprise de traduction.

L’objectif d’un logiciel d’IAL est de pouvoir diriger un locuteur avec un système de traitement de la parole (humain ou automatique) adapté à sa langue. Un tel système prendrait sa place dans le domaine militaire, en identifiant la langue d’un sujet étranger. Une application prévue pour l’IAL pourrait facilement être adaptée à l’enseignement des langues. Ainsi, un système d’IAL s’appuyant sur la prosodie pourrait corriger l’intonation. Evidemment, l’IAL peut être étendue à la reconnaissance des accents régionaux, ainsi que des dialectes.

A ces enjeux techniques s’ajoutent nombre de motivations scientifiques, aussi bien d’un point de vue linguistique que sur le plan de la cognition. L’ontogenèse des représentations cognitives des langues est en effet un mécanisme encore mal connu, et plusieurs travaux récents attirent l’attention sur le rôle joué par la prosodie et le rythme dans ce processus (Nazzi et coll., 1998 ; Ramus et coll., 1999 ; Ramus, 2002a). Un système d’IAL permettrait également de proposer une topologie complémentaire des langues, en les classant d’après leurs ressemblances et leurs dissemblances.