I.1.4.L’hypothèse d’amorçage prosodique

Pour apprendre une langue, il est possible de se fier aux indices acoustiques et prosodiques afin de résoudre un certain nombre de tâches comme la segmentation de la parole, ou la création des catégories syntaxiques (Gleitman, Gleitman, Landau et Wanner, 1988 ;Gerken, Jusczyk et Mandel, 1994 ; Jusczyk et coll., 1992 ; Kemler Nelson et coll., 1989 ; Morgan, 1986). La structure prosodique ne peut donc se définir uniquement à partir de la syntaxe. Ainsi, la prosodie fournit uniquement des indications, des contraintes qui permettent de guider l’analyse de la syntaxe. L’utilisation des propriétés segmentales abstraites du langage provient de l’apprentissage des premiers mots. Les enfants peuvent distinguer un certain nombre de mots en s’appuyant sur les propriétés acoustiques globales sans l’aide d’une représentation phonologique (Gerken, 1994).

L’hypothèse d’amorçage prosodique rejoint celle s’appuyant sur des contraintes phonologiques, mais ne nécessite a priori aucune connaissance linguistique, puisque les données prosodiques sont disponibles dans les caractéristiques acoustiques du signal. En outre, il va de soi que les quatre hypothèses proposées se complètent pour permettre l’acquisition de la syntaxe. Cependant, notre étude se cantonnera à l’utilisation de la prosodie pour identifier deux catégories syntaxiques de base : les mots de fonction et les mots de contenu.