V.1.1.2.Réseau récurrent temporel TRN

Les indices présentés dans cette étude peuvent être détectés par les enfants, mais probablement pas avec la précision utilisée ici. Est-il possible qu’il existe des structures du cerveau correspondant à des instruments de mesures pouvant donner ces indices, comme un détecteur de pics de F0 ?

Notre originalité est d’utiliser un système inspiré par des expériences en neurosciences pour l’apprentissage de séquences chez les singes (Dominey et coll., 1995). Nous montrons que ce réseau (TRN) utilise des indices micro-prosodiques pour discriminer les mots de fonction des mots de contenu, mais également l’évolution de la F0 au cours du temps.

Aucun des articles précités ne prend en compte des indices isolés automatiquement. Effectivement tous les indices indiqués sont extraits manuellement par un expert de la langue étudiée. Dans notre cas, le signal de parole est traduit sous la forme des valeurs brutes de la fréquence fondamentale. Nous proposons un système susceptible de traiter cette information, sans qu’elle soit remaniée par un expert humain. De surcroît ce système est inspiré par des données neurophysiologiques et obéit à certaines contraintes connues sur le fonctionnement du cerveau (contrainte temporelle). Nous apportons donc une hypothèse plausible pour effectuer un traitement sur les mots pour les classer en catégories : fonction et contenu.

Par ailleurs, la méthode que nous présentons ne tient compte que de la dernière frontière d’un mot. Or, cette information ne peut exprimer la durée d’un mot. Par conséquent, c’est l’information seule de la fréquence fondamentale qui permet de catégoriser mot de fonction et de contenu. Certes la durée d’un mot influe sur la trajectoire de la F0, mais en étudiant cette trajectoire avec le TRN, la durée n’est plus nécessaire.

Ce système a été testé sur d’autres données pour l’acquisition du langage, 1) à partir de la structure prosodique pour la discrimination de classes rythmiques, 2) à partir de la structure sérielle pour la segmentation en mots, et également 3) aux structures abstraites pour l’expérience proposée par G. Marcus et coll. (1999) (Dominey et Ramus, 2000). Ces trois expériences avaient déjà été testées chez des nouveau-nés pour montrer quelles étaient leurs capacités de traitement. Une question complémentaire est de savoir si ces traitements peuvent être réalisés par d’autres êtres vivants. Ces trois expériences ont été reconduites avec succès chez le singe (Hauser, 2002). Etant donné que l’identification lexicale peut se faire chez les nouveau-nés et par un réseau avec un traitement temporel réaliste, est-il possible de vérifier si les primates peuvent distinguer eux aussi les mots de fonction des mots de contenu, lorsqu’ils sont présentés isolément ?