II.1.3.2.Catégorie fonctionnelle

Les individus SLI ont des problèmes plus particulierement pour l’acquisition des catégories fonctionnelles (Eyer et Leonard, 1995 ; Guilfoyle, Allen et Moss, 1991 ; Leonard, 1995). Les morphèmes grammaticaux qui posent le plus de problèmes pour les enfants SLI parlant Anglais sont tous associés à des catégories fonctionnelles. Le trouble le plus commun est l’omission des inflexions et des mots de fonction. Le plus grand problème pour ces enfants réside dans leur capacité limitée pour retenir et traiter des éléments grammaticaux subtils comme l’inflexion ‘ed’ dans « the horse jumped over the fence » ou des mots de fonction comme ‘is’ dans « the horse is running », et non pas dans leur capacité de compréhension des principes grammaticaux (Leonard, 1998).

Avec l’analyse de la structure syntaxique proposée par Morehead et Ingram (1973), il est possible de déterminer le degré d’utilisation de certains mots de fonction. Ainsi l’auxiliaire do est utilisé moins fréquemment par les enfants SLI, que par les contrôles MLU 108 . A partir de la même base de données Ingram (1974) a montré que les enfants SLI utilisaient l’auxiliaire be avec un pourcentage inférieur dans les contextes obligatoires, par rapport aux enfants MLU. Il s’agissait la plupart du temps d’omissions.

Les mots de fonction ne sont pas totalement absents du discours des enfants SLI. Toutes les différences entre les enfants SLI et les contrôles MLU proviennent d’un degré inférieur d’utilisation des catégories fonctionnelles dans les contextes obligatoires. Fletcher (1983) pense que les omissions des mots de fonction seraient dues à leurs caractéristiques phonétiques, en particulier leur brièveté qui tend à les rendre moins saillants dans le signal de parole. La plupart des morphèmes de classe fermée omis par les enfants SLI avaient aussi une durée très courte 109 (Leonard, 1989).

Les enfants SLI sont lents pour maîtriser certaines formes pronominales. Rispoli (1994) a proposé qu’au cours du développement normal de la parole, les enfants ne remplacent pas un pronom par un autre dont le matériel phonétique diffère. A l’inverse, un pronom peut être substitué par un autre qui partage les mêmes propriétés phonologiques. Ogiela (1995) a prouvé ce point de vue avec les enfants SLI. Effectivement, ces enfants produisent plus souvent her dans un contexte demandant she, que him for he.

Les mots de fonction, qui sont critiques pour le processus de traitement grammatical subissent des traitements différents chez les enfants SLI, ayant des troubles grammaticaux. En effet, une étude en Potentiel Evoqué a révélé qu’ils produisent une négativité latéralisée à droite, alors qu’elle apparaît à gauche chez les enfants normaux (Ullman et Pierpont, In Press).

Notes
108.

Les enfants MLU (Mean length utterance) produisent des phrases ayant le même nombre de syllabes que les phrases énoncées par les enfants SLI. Les contrôles sont donc le plus souvent plus jeunes que les enfants SLI.

109.

La troisième personne du singulier –s, des articles, des formes auxiliaires be, de la marque de l’infinitif to et la préposition that.