II.4.Critique de la théorie de déficit du traitement rapide

Les preuves d’un trouble général de la perception auditive chez les enfants SRD et SLI ont été discutées de nombreuses fois. Certes, la parole est composée de nombreux détails acoustiques constitués d’indices de courtes durées. Il serait alors raisonnable de penser que l’on puisse obtenir une relation entre leurs performances pour des tâches phonologiques et leurs capacités pour la parole. Mais la parole comporte aussi des indices qui ne sont pas encodés dans des courtes durées. La plupart du temps des indices additionnels sont présents, lorsque la distinction repose sur des indices brefs (Leonard, 1998).

De plus, la difficulté de compréhension des contrastes grammaticaux apparaît également chez les enfants profondément sourds (Bishop et coll., 1999). Ludlow et coll. (1983) ont trouvé des déficits chez les enfants souffrant de problèmes attentionnels, lors d’une tâche de jugement d’ordre temporel, et Howell et coll. (1999) ont exhibé des déficits dans les tâches de détection après un masque, pour les personnes qui bégaient. Il se peut toutefois que tous ces groupes distincts souffrent d’un déficit commun pour les tâches nécessitant un traitement auditif rapide (Leonard, 1998).

En outre, la difficulté observée pour les évènements rapides est mise en doute chez les enfants SLI. Des études ont montré des troubles pour les processus auditifs en général, sans dénoter de difficultés plus particulières pour les événements rapides (Rosen et Manganari, 2001 ; Bishop et coll., 1999). Ces deux études ne retrouvent également pas les résultats avancés par Wright et coll. (1997). La fonction d’analyse discriminante classant les enfants SLI (Tallal et coll., 1985) n’a pas été validée sur de nouvelles données.

La théorie du déficit de traitement rapide postule que le déficit est général et cette même hypothèse n’explique donc pas la nature apparemment sélective des troubles non-linguistiques. En dernier lieu, tous les types de troubles pourrait être expliqués par des capacités de traitement limitées ou par un ralentissement général. En revanche, il n’est pas clair que tous les enfants SLI souffrent de ces problèmes. Ainsi, les données expérimentales suggèrent que le déficit de traitement est fortement associé aux troubles du langage, mais qu’il n’apparaît pas nécessairement en même temps que ces troubles (Ullman et Pierpont, In Press ; Bishop et coll., 1999). Ainsi, certains enfants SLI ne présentent aucune difficulté pour le traitement des évènements rapides. En outre, des enfants avec des compétences normales pour le langage montrent des difficultés équivalentes aux enfants SLI, lors de tests de traitement rapide (Bishop et coll., 1999).

Lors des tests réalisés pour appuyer l’hypothèse d’un déficit du traitement rapide, un certain de nombre de paramètres ont été laissés libres. Chacun des paragraphes suivants retracent chaque point critiquable de ces études :