V.2.Identification de séquences constituées d’éléments de longue durée

Le trouble du traitement auditif des enfants SLI ne doit pas être un handicap global, dans la mesure où ils parviennent à maîtriser d’autres tâches cognitives. Ainsi, il faut vérifier si les réseaux, une fois perturbés, peuvent encore executer une tâche d’identification de séquences avec des éléments de longue durée. Cette expérience porte sur 3 séquences de 3 éléments stables notés A, B et C d’une durée de 800 ms présentés dans l’ordre suivant : ABC, CBC et CBA. Chaque élément a la même durée et active un seul neurone de la couche d’entrée. Les séquences peuvent êtres confondues par les deux premiers ou les deux derniers éléments. Dans le cas, où le réseau est sensible au dernier ou au premier élément, le taux d’identification est de 67 %, puisqu’il répond au hasard pour deux des séquences confondues. Les taux d’identification sont de 100 % pour la population contrôle, et de 99,33 % pour la population altérée, ce qui signifie que seul un réseau parmi 50 a confondu deux séquences entre elles, alors que les constantes de temps de la couche State ont été modifiées. Ainsi, les réseaux altérés n’ont pas de difficultés particulières pour identifier des séquences, dont les éléments ont de longues durées.

Tableau 6.1 Performance de la population de 50 réseaux TRN sans connexions récurrentes pour l’identification de séquences abstraites en fonction de la durée des éléments composant une séquence.
Durée d’un élément  % Correct
40 ms 100 %
80 ms 1 seul réseau à 100 %
100 ms 66.67 %
200 ms 66.67 %

Nous proposons de vérifier l’importance des connexions récurrentes pour identifier ces séquences, pour la population contrôle. Sans les connexions récurrentes, une séquence est systématiquement confondue avec une autre (Tableau 6.1). Mais les motifs d’activation sont quand même très proches pour les deux séquences identifiées correctement (distance << 1, chacune des 25 unités du réseau traite des valeurs entre 0 et 100). Les connexions récurrentes sont donc indispensables pour identifier des séquences dont les événements discriminants sont éloignés dans le temps, i.e. forment une structure globale. Cependant si ceux-ci sont proches, la mémoire provenant des intégrateurs à fuite eux-même est suffisante. Même si les prototypes pour ces séquences simples sont proches, il semble que cette capacité du réseau soit suffisante pour identifier certain mots de fonction / contenu. Cette particularité permet de comprendre pourquoi la parole a recours a tant d’évènements de courtes durées. Effectivement l’apprentissage des indices rapides est simplifié dans la mesure où il n’est fait appel ni à des connexions supplémentaires ni à une couche supplémentaire. Les événements de courtes durées sont donc moins coûteux à traiter.

Les réseaux TRN altérés exhibent une certaine incapacité pour distinguer les mots de fonction des mots de contenu, bases des structures grammaticales, tout en répondant correctement à une tâche simple d’identification de séquences avec des élements de longue durée. Est-il possible d’obtenir les mêmes performances que les enfants SLI avec des tâches de discrimination de stimuli auditifs rapides ?