VI.1.2.Aspect neurophysiologique

L’augmentation des constantes de temps du réseau simule un trouble biologique, lié aux neurones. Les recherches courantes en neurophysiologie ont maintenant montré qu’un trouble du traitement phonologique, qui est crucial pour le développement du langage écrit et oral, proviendrait, au moins en partie, de difficultés pour la perception et la production des informations sensori-motrices en succession rapide (de l’ordre de quelques millisecondes). Les données neurophysiologiques indiquent qu’un stimulus n’est pas correctement représenté au niveau neural préattentif dans les conditions de transitions rapides, chez les enfants SLI. Dans ce cas, les données neurophysiologiques coïncident avec les données comportementales. La discrimination comportementale est retrouvée dans les mesures électrophysiologiques, concernant le chemin de l’audition. Elle ne dépend pas de l’attention ou d’une réponse volontaire. Leurs résultats prouvent que les difficultés des enfants SLI interviennent avant la perception consciente (Bradlow et coll., 1999).

Un dommage dans l’hémisphère gauche peut détruire le mécanisme responsable du traitement des changements acoustiques brefs et rapides, qu’il soit verbal ou non. Cette perturbation pourrait être à l’origine de certaines aphasies. Le traitement des informations les plus rapides serait localisé dans l’hémisphère gauche. Ainsi, l’évolution aurait permis aux être humains d’utiliser ce système pour traiter la parole, et tirer ainsi parti de différences acoustiques très brèves (Tallal et coll., 1998). Quelques études avec pour modèles des rats (Clark et coll., 2000), ou s’appuyant sur des analyses post-mortem de dyslexiques montrent que des malformations morphologiques jouent un rôle dans le déficit du traitement des informations rapides (Benasich et Tallal, 2002).

Nous avons établi que les réseaux TRN altérés n’éprouvaient pas de difficultés lors de l’identification de séquences d’éléments de longues durées. Nous montrons ainsi que le mécanisme de traitement n’est pas entièrement inopérant. Ainsi, une aberration au niveau de l’architecture du réseau peut perturber l’identification portant sur des éléments de courtes durées, alors que les séquences d’élèments de longue durée sont correctement identifiées. En outre, nous dévoilons que les connexions récurrentes entre les deux couches cachées State et StateD sont indispensables pour traiter les séquences les plus longues (section V.2). La boucle récurrente entre les couches State et StateD permet le traitement des informations globales, alors que la couche State traite les évènements à un niveau local.