VI.1.4.Tâche de masquage (Wright et coll., 1997)

Le déficit de traitement rapide a été montré avec de nombreux paradigmes. Nous souhaitions donc reproduire les difficultés de traitement rapide avec une nouvelle tâche effectuée avec des enfants SLI.

La tâche de masquage s’y prête particulièrement puisqu’elle fait intervenir une autre dimension de la prosodie, l’intensité. Cependant, cette tâche n’a pas été pratiquée dans les domaines des basses fréquences de la prosodie, — ce qui ne pose pas de problèmes dans la mesure où le traitement reste identique — mais sur un domaine de fréquence différent de celui employé dans les tâches précédentes (catégorisation lexicale et perception auditive rapide). Toutefois cette expérience peut être considérée pour témoigner des troubles prosodiques des enfants avec les indices spectraux locaux.

En outre, nous avons recherché un moyen de représenter le signal acoustique de manière plus complète. En particulier, l’échelle de représentation de l’intensité doit être précisée. Dans un premier temps nous avons utilisé une échelle linéaire qui a permis de retrouver un profil de réponses semblables aux enfants SLI pour la condition contrôle et la condition de masquage rétrograde. Seulement, trop peu de réseaux étaient en mesure de répondre aux cinq conditions. Ceci était sans doute dû à l’utilisation d’une échelle linéaire pour l’intensité. Avec une échelle exponantielle, un stimulus active un nombre plus élevé d’unité en entrée du réseau. Ainsi, les vecteurs formés par le TRN se distinguent du vecteur qui ne contient pas le ton pur.

Nous avons donc utilisé une description du signal à l’aide d’un cochléogramme, pour être sûr de refléter une échelle de perception plus réaliste. Cet effort a porté ses fruits puisque la totalité des réseaux pouvaient accomplir la tâche, mais avec des seuils très inférieurs aux enfants. Nous retrouvons donc le même constat que pour la tâche précédente (perception auditive rapide). Toutefois, les seuils d’apprentissage à appliquer sont beaucoup moins élevés pour retrouver des performances avoisinants celles des enfants. De surcroît, le cochléogramme procure une représentation du bruit, qui n’active pas de manière uniforme tous les neurones d’entrées, mais est dépendante du bruit analysé.

En tenant compte de toutes ces représentations nous nous efforçons de considérer chaque paramètre (seuil d’apprentissage, représentation des données, constante de temps) pour obtenir des résultats comparables à ceux de Wright et coll. (1997). Toutefois, si nous pouvons retrouver un profil de réponses proches de celles obtenues chez les enfants, nous n’obtenons pas les mêmes différences significatives entre les réseaux contrôles et altérés. Effectivement, si nous ne prenons en compte uniquement les réseaux contrôles ayant un seuil moins élevé pour la condition rétrograde (Backward Masking), que pour la condition contrôle, les réseaux correspondant montrent toujours une différence significative sur la condition antérograde (Forward Masking). La seule façon de faire disparaître l’écart entre les réseaux contrôles et altérés pour la condition antérograde (Forward Masking), tout en conservant une différence sur la condition rétrograde (Backward Masking) entre les réseaux, est de simuler une diminution de l’apprentissage les réseaux TRN. Ceci ne correspond pas à l’hypothèse de déficit de traitement rapide, puisque nous conservons les mêmes constantes de temps, i.e. le mécanisme de traitement temporel n’est pas pertubé. Dans ce cas, seul l’apprentissage est insuffisant.

Or, nous ne sommes pas les premiers à établir des doutes sur cette expérience. Ainsi, les réponses individuelles des sujets SLI montrent qu’un seul enfant exhibait un seuil suffisamment élevé pour la condition rétrograde (Rosen et Manganari, 2001). Une expérience a montré que les enfants dyslexiques effectuaient la discrimination ab/ad avec des performances équivalentes à la discrimination ba/da (Rosen et Manganari, 2001) ne reflétant pas les résultats trouvés avec les stimuli artificiels de Wright et coll. (1997).

Par ailleurs, le phénomène de double-masquage n’est peut-être pas assez marqué dans la représentation du cochléogramme. En effet, le profil des performances ressemble plus à la condition « notched », pour laquelle ce phénomène n’a pas de conséquences. Pour résoudre ce problème, il faudrait agrandir la fenêtre de masquage antérograde.