VI.2.2.Tester des hypothèses

Un des objectifs fondamentaux de l’utilisation d’un modèle informatique est de pouvoir réaliser un certain nombre d’expériences très rapidement, tout en évitant certaines limitations pratiques. En particulier, tous les paramètres de la simulation peuvent être controlés. Par exemple, nous pourrions tester à nouveau les deux tâches étudiées, en ne faisant plus varier le temps ou l’intensité, mais uniquement les valeurs de la fréquence fondamentale.

L’utilisation de ce modèle permet d’écarter certains points laissés libres par l’expérience originale de Tallal et Piercy (1973a) (points décrits dans le Chapitre 6 section II.4) :

Dans le cas de l’expérience de Wright et coll. (1997), nous retrouvons les schéma de réponses entre les stimuli long et courts (Chap. 6 section VI.2). Autrement dit, une modification de la constante de temps altère la perception du ton pur, quand il est bref. Mais, le fait que les enfants SLI diffèrent des enfants contrôles uniquement pour la condition rétrograde (Backward Masking) est exclusivement obtenu en tenant compte d’une différence d’apprentissage entre les modèles contrôles (Figure 6.14). Les résultats de Wright et coll. (1997) ne semblent pas pouvoir être expliqués avec notre modèle par un déficit du traitement temporel.

Nous avons montré que les réseaux altérés souffraient d’un déficit de traitement pour des stimuli auditifs correspondant approximativement aux durées trouvées dans les tâches auditives effectuées avec les enfants SLI. Cependant, un des points de débat concerne la durée de la fenêtre pendant laquelle les informations auditives ne sont pas traitées par les enfants. Ainsi, nous pourrions varier le déficit temporel de façon à ce que les réseaux aient des difficultés uniquement pour des durées correspondant à un phonème, et non plus de l’ordre de la syllabe. Dans ce cas, les conséquences ne seraient sans doute pas les mêmes pour l’acquisition du langage, et permettraient d’être isolées de celles impliquées par un déficit ayant une fenêtre de la taille d’une syllabe.

Il est d’ailleurs fort probable que la condition SLI soit hétérogène à cause du nombre de facteurs (dimensions acoustiques, durée, phonotactique) impliqués dans l’acquisition de la parole. Chaque facteur est susceptible d’être traité par un mécanisme cérébral différent. Suivant le mécanisme atteint, les conséquences pour l’acquisition du langage seront disparates. Un modèle est essentiellement conçu pour tester de nouvelles hypothèses. Cependant, la réponse finale pour les enfants SLI ne peut être acquise qu’en effectuant ces tâches avec les enfants.