IV.2.Modalité auditive

Le modèle TRN est présenté comme un modèle de traitement de la prosodie, et donc un système d’audition. Effectivement, le modèle était initialement conçu pour traiter des séquences, quelle que soit leur modalité d’origine. Nous montrons dans cette thèse que le modèle TRN fondé sur le codage par fréquence de décharges peut traiter des séquences issues de la prosodie, mais aussi des informations non verbales comme la succession de tons purs (chapitre 6 section IV.3 et IV.4).

Quelques modèles informatiques ont été proposés pour le traitement de la parole (McClelland et Elman, 1986 ; Massaro, 1987). Dans le modèle de reconnaissance de la parole de Klatt (1980), le seul niveau de la représentation auditive est le spectrogramme neural codé dans le nerf auditif.

Un certain nombre d’expériences précisent les contraintes d’un modèle de traitement auditif général. Au cours de notre travail, nous avons passé sous silence une particularité du système auditif humain : la dissociation du rythme et de l’intonation, alors que notre modèle traite les deux simultanément. Cependant, Jones et collaborateurs (Jones et coll., 1987) ont montré a plusieurs reprises que mélodie et rythme ne sont pas indépendants mais traités comme une seule dimension en perception et en mémoire. Mais, les données neurologiques ne sont pas compatibles avec cette proposition. Lorsque ces deux dimensions (rythme et mélodie) sont manipulées indépendamment l’un de l’autre, leur intégration ne se réalise pas chez le patient cérébro-lésé, ou alors de façon partielle (Peretz et coll., 2000).

Trois caractéristiques mélodiques concourent à la reconnaissance d’un air connu : le contour, les intervalles et la tonalité. Peretz et coll. (2000) ont confirmé plusieurs fois l’hypothèse que les contours mélodiques relèvent de l’hémisphère droit, et l’abstraction des intervalles de l’hémisphère gauche. La plupart des études montre bien deux mécanismes, mais chacun est capable de traiter les deux informations avec une préférence pour sa spécialité. En conséquence, une modélisation efficace du traitement de la prosodie reposerait éventuellement sur deux outils distincts capables de traiter le rythme et l’intonation en même temps, mais étant plus spécialisés l’un pour le rythme, l’autre pour l’intonation.