V.2.L’audition

La prosodie est mal définie du point de vue du traitement du signal, dans la mesure où les composantes de la prosodie (intonation, rythme, etc.) ne sont pas entièrement définies par des composantes physiques simples, telles que la fréquence fondamentale ou l’énergie. Les études psychoacoustiques (Grimault, 2000) indiquent que l’extraction de la fréquence repose sur plusieurs mécanismes différents suivant les sons à analyser. En outre, l’intonation est essentiellement basée sur les valeurs de la F0, mais l’impression qu’elle nous en laisse diverge de la réalité physique. L’étude des mécanismes d’obtention de l’intonation chez l’être humain devrait permettre d’éclaircir ces points. D’autres dimensions prosodiques, comme la qualité de la voix sont également des notions prosodiques mal définies du point de vue physique.

Pour obtenir la fréquence fondamentale, nous nous sommes appuyés sur un spectre à bande large i.e. avec une fenêtre d’analyse longue. Il est probable que des évènements brefs peuvent être détectés, mais avec une grande imprécision temporelle. Nous pourrions reconduire l’expérience de Tallal et Piercy (1973a) ainsi que d’autres expériences de psychoacoustique à partir de cette même représentation, afin de préciser la taille de cette fenêtre.

Cependant, la meilleure solution pour expliquer ce paradoxe de résolution–intégration de la fréquence fondamentale sera de travailler avec des modèles neurocomputationnels plus complets comportant des neurones impulsionnels et des synapses dynamiques (Denham, 1999).

Comme pour le rythme face aux différents tempos, un processus d’abstraction est contenu dans la perception de la hauteur. Effectivement les nourrissons semblent traiter la hauteur suivant un contour global (Trehub et Trainor, 1994). Le mécanisme d’abstraction proposé par Dominey et Ramus (2000) pour répliquer l’expérience de Marcus et coll. (1999) pourrait effectuer un traitement de la hauteur en respectant cette particularité. Le contour apparaît alors sous la forme d’une règle abstraite de formation de la mélodie, à partir d’une hauteur absolue.

Certaines modifications pourraient être apportées comme une adaptation des récepteurs auditifs aux stimuli présentés (Mercado III et coll., 2001). En outre, nous ne tenons pas compte d’une dissociation du traitement de la prosodie et des informations spectrales.