1.7. Le quartier des mineurs, la boxe et la musculation

La maison d’arrêt de Nîmes comporte un quartier des mineurs. J’y ai travaillé seul pendant deux ans, mais maintenant d'autres enseignants y interviennent en complément des deux instituteurs à temps complet.

Mon collègue à temps complet a mis en place une activité musculation ou plus exactement renforcement musculaire. Pourquoi pas ? Nonobstant, je ne suis pas totalement persuadé que l’éducation nationale ait quoi que ce soit à gagner à cautionner ce "sport", roi entre tous en prison, ô combien lieu de culte du paraître.

Au cours de la réunion du service scolaire de la fin de l’année 2001-2002, il fait part de son souhait de s’investir un peu plus au quartier des mineurs en ayant formé le projet d’y conduire une activité boxe, noble art dans lequel il excelle. Tout un chacun comprendra l’intérêt d’une telle initiative : respect de l’autre, des règles, sanction immédiate etc ; il n’y a pas un pédagogue un tant soit peu intéressé par les arts martiaux qui niera l’intérêt pédagogique de les pratiquer.

Il nous explique donc qu’il en a parlé avec la direction de la maison d’arrêt, qui lui a suggéré, tout en manifestant son intérêt pour la question, d’évoquer cette hypothèse avec les syndicats de surveillants, qui ont refusé ; tout un chacun sachant que des détenus aptes à "se battre" sont plus dangereux à maîtriser que ceux qui ont planché sur l’accord du participe passé.

Trêve de plaisanterie : il y a nombre de prisons où se pratiquent des arts martiaux, quels qu’ils soient, et il est reconnu que ce sont de puissants moyens de réguler les tensions, d’apaiser les conflits, de renouer avec les règles du jeu, La règle voire La loi. Le projet est donc au mieux remis à plus tard.

La gestion des relations humaines dans une organisation est probablement une science, un art difficiles. Mais si un projet, en l’occurrence pédagogique, est intéressant, s’il reçoit l’agrément des autorités compétentes, est-il du rôle des organisations représentant les surveillants d’en décider et peut-être surtout, est-il du rôle des institutions, dans ce cas l’éducation nationale et l'administration pénitentiaire de s’en remettre à leur bon vouloir ? Enseigner, c’est résister.