5.1.2. Ce qui est ajouté dans la convention de 2002

Sur les 258 lignes de la convention de 2002, il y en a donc 118 soit 45 % directement issues de celle de 1995. Avant d'entrer dans le détail des ajouts, trois simples remarques qui, précisant le rôle et les fonctions du responsable pédagogique régional, vont, me semble-t-il, dans le même sens que ce que j'ai essayé de mettre en lumière dans les lignes qui précèdent.

D'abord dans la convention de 1995, il n'était question que du "responsable" de l'unité pédagogique régionale. Dans celle de 2002, ce "responsable" se voit promu "directeur" dans nombre d'occurrences (pas systématiquement), y compris dans l'intitulé de l'article 3 qui lui est expressément consacré. Je sais bien qu'il ne faut pas chercher à faire dire aux mots plus qu'ils ne peuvent, mais dans un texte tel qu'une convention entre ministères, fruit je suppose de multiples allers et retours entre lesdits ministères, les mots pèsent de tout leur poids. Et il n'est nul besoin d'être un lexicographe averti pour soupeser la nuance signifiée par le passage de l'usage exclusif du mot "responsable" à celui plus qu'occasionnel du mot "directeur". Un directeur dirige, un responsable moins !

Le glissement de "responsable" à "directeur", quand bien même il ne serait pas total, me semble être la deuxième pierre, certes de petit calibre, de la démonstration traitant de la "pénitentiarisation" de l'enseignement en milieu carcéral.

Ensuite : "Le directeur de l'unité pédagogique régionale est nommé auprès du recteur du siège de la Direction Régionale des Services pénitentiaires ; il conseille en tant que de besoin le Recteur pour l'enseignement en milieu pénitentiaire." (dernier paragraphe de l'article 3) Cette promotion du directeur comme quasi conseiller technique du recteur me semble confirmer la volonté de déplacer le curseur de l'encadrement des enseignants en prison du côté de l'administration pénitentiaire, quand bien même, encore une fois, cela se ferait par l'intermédiaire de la version pénitentiaire de l'éducation nationale. Il me semble entendu, qu'un directeur d'unité pédagogique régionale, qui plus est conseiller du recteur, même formellement dénué de pouvoir hiérarchique, pèse d'un tout autre poids, y compris face aux inspecteurs de l'éducation nationale "ordinaires" en charge d'un ou au mieux d'un tout petit nombre d'enseignant(s) en prison qu'un simple "responsable".

Enfin : "Le responsable de l'unité pédagogique régionale et les corps d'inspection s'informent réciproquement sur la situation administrative et les activités des enseignants dans leur champ respectif de compétences." (dernier paragraphe de l'article 4 traitant du "rôle du responsable de l'unité pédagogique régionale"). Ces trois lignes, nouvelles elles aussi dans la convention 2002, qui tirent un quasi trait d'égalité entre les inspecteurs, supérieurs naturels des enseignants, et le responsable pédagogique régional, formellement sans prérogative hiérarchique, contribuent à faire basculer le pouvoir effectif du côté de celui du directeur de l'U.P.R., en phase avec l'administration pénitentiaire, au détriment de celui des corps d'inspection, garants de la "continuité" du service public de l'éducation nationale, en tous temps et surtout en tous lieux.