Chapitre 6. Du désagrément

Ce chapitre présente dans ses deux premières parties le dossier élaboré par l'administration pénitentiaire, qui à ses yeux au moins, justifie le retrait d'agrément pour enseigner en milieu pénitentiaire qu'elle me signifia en mai 2003. Je n'étais plus à la maison d'arrêt de Nîmes depuis novembre 2002. Cet agrément m'avait été accordé en 1990. Puis, de façon plus personnelle, j'essaie dans les deux dernières de comprendre le processus dans lequel je me suis trouvé "enfermé", en expose les conséquences et enfin, d'un point de vue un peu plus éloigné, dégage quelques pistes de réflexion quant aux rapports entre les deux institutions.

Ce chapitre aurait pu, peut-être dû, porter un autre titre. Par exemple De la contradiction à l'épreuve des faits ou Des comptes aux règlements de compte. De tels titres rendraient infiniment mieux compte de ce qui s'est alors passé et de la violence alors convoquée. J'ai préféré la litote. Le Désagrément est donc à prendre comme le contraire de l'agrément au sens très administratif du terme, et non comme une légère indisposition passagère, un … désagrément. Dans ce champ lexical du mal - être, Destruction aurait été préférable.

J'espère montrer que les événements dont il va être question, qui ne bouleverseront pas la vie du monde – mais ils ont bouleversé la mienne – peuvent peu ou prou être rangés dans une seule et même catégorie : celle des actions entreprises par un instituteur n'acceptant pas forcément la féodalité directoriale, et je n'étais pas le seul, conscient des enjeux de la mission du service public d'éducation - la réinsertion n'est-ce pas ? – et s'étant trouvé, sans l'avoir cherché, confronté à une organisation dans laquelle un grain de sable ne saurait être traité autrement qu'en le broyant, et ceci au nom du secret, du culte de l'impunité qui en découle : le journal, la lettre collective et ce qui s'ensuivit, la présence du magistrat … contrevenaient au secret, les différentes sanctions prises à mon encontre, relevant elles de l'impunité, leur "étayage" me semblant pour le moins douteux. Le moins affligeant, de mon point de vue, n'étant pas que cette cascade de rétorsions ait été permise sinon initiée par l'éducation nationale version pénitentiaire.