1.3. Une ville transylvaine : Cluj-Napoca

Parmi les plus grandes villes de Roumanie, Cluj-Napoca est considérée comme la capitale culturelle de la minorité hongroise de Roumanie et comme la capitale historique de la Transylvanie. Avec ses 318 027 habitants, d’après le dernier recensement, la ville est fortement marquée par la diversité culturelle. Des Roumains, des Hongrois, des Roms, des Allemands, etc. ainsi qu’une importante population issue de l’immigration en provenance d’autres régions de Roumanie, vivent à Cluj. La ville est connue depuis longtemps pour son caractère multiconfessionnel et accueille aujourd’hui des orthodoxes, des catholiques, des gréco-catholiques, des évangélistes, des néo-protestants, etc. A Cluj Napoca, 252 433 personnes (soit 79 % de la population) se sont déclarées Roumaines au dernier recensement, 60 287 Hongroises (19%), 3 029 se sont déclarées Roms, 734 Allemandes et 217 Juives. Les annexes 6 et 7 rendent compte d’une manière plus complète du paysage multiconfessionnel et multiethnique de la ville.

Même si la diversité culturelle caractérise la plupart des villes de Transylvanie, il est rare que les clivages ethniques s’expriment aussi fortement qu’à Cluj. On oppose souvent à celle-ci l’exemple de Timisoara, dont les habitants sont réputés pour éprouver un fort sentiment d’appartenance locale qui ne laisse pas de place à des phénomènes d’exclusion ethnique.

Dans ce chapitre, je tenterai de montrer comment la ville de Cluj est devenue, à travers l’histoire, un lieu de fragmentations ethniques. Ensuite, je m’arrêterai sur les politiques d’aménagement de la ville et sur quelques pratiques actuelles de confrontation pour l’appropriation symbolique de l’espace. Nous verrons que la ville de Cluj-Napoca reproduit à plus petite échelle les controverses portant sur la question du territoire de la Transylvanie, controverses marquées principalement par la dualité Roumains / Hongrois.