La galerie des directeurs du musée

Parmi les autres aspects nouveaux, j’ai remarqué la mise en place, à l’entrée de l’exposition permanente, de la « Galerie des directeurs du musée ». Cette succession de portraits, commençant par les fondateurs du Musée Transylvain (Erdélyi Múzeum) et se terminant par le portrait du directeur actuel, marque me semble-t-il un vrai moment de rupture dans l’histoire du discours du musée. Elle retrace une histoire complète de cette institution : toutes les étapes de son histoire et ses périodes de discontinuité dues aux changements de régime politique. La mise en évidence, dans cette galerie, de la filiation hongroise du musée rend compte d’une ouverture et d’une acceptation de l’autre (« hongrois ») et d’une nouvelle conception des relations entre les populations roumaines et hongroises dans le passé et dans le présent. En effet, le cas du musée est en ce sens presque singulier parmi les institutions publiques de Cluj, car même l’Université Babes-Bolyai - une des plus importantes et prestigieuses institutions de Cluj et de Transylvanie - rassemble uniquement les professeurs roumains dans sa galerie des recteurs de l’université.

Même si l’exposition permanente n’a pas changé, s’appuyant toujours sur un discours national roumain de la Transylvanie, le simple fait d’exposer cette galerie des directeurs dénote une volonté de repenser la place et les rapports entre les populations de la ville et de la région et leur contribution à l’histoire de la Transylvanie. En accueillant des éléments anciens, mais également nouveaux ou émergeants, le musée reflète le tableau d’un monde social en pleine mutation. Les quelques transformations opérées restent toutefois infimes à l’échelle de l’exposition et de l’institution. Malgré tout, un changement se met en place à travers de nouvelles logiques de tourisme à l’époque du transnational.