Du symposium théologique au congrès eucharistique : l’impossible unanimité

Du 13 au 15 juillet 1981, quelque 180 théologiens, économistes, philosophes, évêques, membres d'organisations internationales et personnes engagées dans des mouvements caritatifs et de solidarité sont réunis à l'institut catholique de Toulouse pour un symposium international. Le cardinal Hyacinthe Thiandoum, archevêque de Dakar, en assure la présidence. Il s'agit alors pour les participants ”d'attester que la foi de l'Église en l'eucharistie constitue pour les catholiques une exigence toute particulière de partage et de responsabilité ; au plan personnel, certes, mais aussi à l'échelle du monde en vue de l'instauration de nouvelles relations économiques internationales” 223 . A cette occasion, des chrétiens et des chrétiennes du Tiers-Monde expriment dans un cadre ecclésial officiel leur volonté, au nom de l'Évangile, de se libérer de l'emprise politique, économique , culturelle et religieuse de l'Occident, ainsi que le relèvent les Informations catholiques internationales. Le père Eyt, recteur de l'institut catholique de Toulouse, évoque alors une expérience de ”démocratie ecclésiale”. Répartis en huit groupes linguistiques, les congressistes, rejettent le premier jour, un projet de message rédigé par trois prêtres français jugé ”pas assez percutant”. A force d'amendements, un texte est adopté par 117 voix et 24 abstentions. Enthousiaste, la rédaction des Informations catholiques internationales le reproduit intégralement comme éditorial pour un numéro spécial consacré au congrès 224 .

Le rassemblement de Lourdes s'ouvre ainsi sur une lecture d'extraits du message voté par le symposium toulousain. Le lendemain, cinq des principaux intervenants de Toulouse reviennent sur la réflexion menée devant les groupes anglophones et francophones du congrès. ”Mais contrairement à ce qui avait été prévu par certains organisateurs, le texte du message ne fut ni traduit ni distribué à l'ensemble des congressistes”, regrette les Informations catholiques internationales plus enthousiastes aux interpellations de Dom Helder Camara et Mgr Marty à être ”au service d'un monde nouveau […], à la fois des spirituels, des responsables et des apôtres” 225 . L'apostrophe de l'ancien archevêque de Paris contraste avec ”l'absence de cet aspect de ”l'engagement et partage” de l'Eucharistie qui fut assez nette dans la plupart des homélies et des conférences prononcées à Lourdes ; dans certains groupes linguistiques, on entendit même des accents carrément intégristes et des attaques à peine voilées contre la théologie de la libération”, s'inquiètent les Informations catholiques internationales 226 .

Notes
223.

Marlène Tuininga, ”Unanimes pour ”rompre le pain” mais pas pour le ”monde nouveau””, ICI, 565, août 1981

224.

Anonyme, ”Le message du symposium de Toulouse”, ICI, 565, août 1981

225.

Marlène Tuininga, ”Unanimes pour ”rompre le pain” mais pas pour le ”monde nouveau””, ICI, 565, août 1981

226.

Ibid