Carême 1983, le cardinal Ratzinger dénonce la ”misère du catéchisme”

Le 15 janvier, la basilique de Fourvière héberge les premières conférences de Carême 1983 qui réunissent, cette année-là, quatre évêques étrangers. Le cycle de conférence se prolonge le lendemain en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Invité de prestige, le cardinal Ratzinger crée l'événement. Le cardinal propose un exposé sur ”transmission de la foi et sources de la foi”. Ordonné autour des quatre pièces maîtresses du catéchisme tridentin - le symbole des apôtres, les sacrements, le décalogue, et la prière - le propos tourne vite à une stigmatisation de la ”misère de la catéchèse” contemporaine, accusée de mal distinguer le texte et son commentaire.

A Lyon, ”les propos du cardinal risquent d'être sollicités par toutes sortes de tendances”, relève Bernard Le Léannec 325 . La crise s'insinue…”Mais son but n'était-il pas de permettre une telle confrontation et d'ouvrir un plus large débat, face au défi que constitue la transmission de la foi aujourd'hui ?”, tente le journaliste de La Croix 326 . Étayée à Notre-Dame de Paris, la critique cardinalice fait mouche. Les 150 000 catéchistes français ne tardent pas à se sentir stigmatisés lorsque le préfet de la congrégation romaine pour la doctrine de la foi dénonce comme une grande faute l'abandon du catéchisme national.

Affirmant que ”l'on n'a plus le courage de présenter la foi comme un tout organique en soi, mais seulement comme des reflets choisis d'expériences anthropologiques partielles”, le cardinal est perçu comme soutien objectif des contestations conservatrices, traditionalistes et intégristes. L'homme nouveau ne tarde pas à titrer sur ”Un nouveau catéchisme pour la France”.

Notes
325.

Bernard Le Léannec, ”Catéchisme : n'oublions pas la tradition”, La Croix, 18 janvier 1983

326.

Ibid