Retour des évêques et divergences publiques

A l'ouverture du conseil permanent des 14-16 mars 1983, Mgr Vilnet fait une mise au point. Le président de la conférence annonce qu'un dialogue est établi avec la congrégation pour la doctrine de la foi. ”Ce travail en commun, il convient de le comprendre ”comme un service que notre congrégation désire offrir”, ainsi que l'écrivait le cardinal-préfet le 2 décembre dernier, en vue de parfaire cet ouvrage appelé à jouer un rôle important dans la catéchèse des enfants de France” 336 . La Croix titre alors ”aux évêques de promouvoir la catéchèse” 337 et publie un communiqué commun de Mgr Vilnet et du cardinal Ratzinger le lendemain 338 . Le document est repris dans son intégralité, par le quotidien catholique, le 22 mars 1983 339 .

Le 27 avril 1983, Mgr Lustiger et Decourtray présentent à la presse l'édition des conférences données à Fourvière et Notre-Dame de Paris. Dans cette démarche conjointe, les deux archevêques souhaitent désamorcer la polémique née des interventions du cardinal Ratzinger. Les textes sont accompagnés des commentaires de Bernard Bro, Pierre Eyt, Jacques Guillet et Georges Bonnet 340 . Parmi ces commentateurs, le père Eyt, recteur de l’université catholique de Paris, se présente comme ”un lecteur de longue date et un admirateur de la pensée théologique de Joseph Ratzinger” et précise avoir ”voulu resituer dans tout le déploiement de son œuvre, les propos de sa conférence” 341 . Plus largement, l'initiative des pères Lustiger et Decourtray marque une volonté d'apaisement selon Bernard Le Léannec. ”Ils ont voulu affirmer l'importance qu'ils attachent à la réflexion entamée. Ils veulent ainsi promouvoir et encourager sa poursuite dans un esprit de dialogue et d'ouverture de concert avec tous les catéchistes de France” 342 . Ainsi le père Lustiger, inscrit-il la démarche des conférences de Carême dans un processus d'ouverture de l'Église de France à l'universel :

‘Certains ont lancé des phrases telles que : ”Forfaiture de l'épiscopat : ils ont menti”. Il y a là une grave atteinte et une blessure contre l'Église que le Pape a tenu à réparer, confortant ainsi l'autorité des évêques de France à qui il appartient de gérer les problèmes internes de leur Église, et c'est dans ces circonstances que Mgr Decourtray et moi-même, ayant réfléchi à cette question avec Mgr Vilnet, avons eu l'idée de cette initiative qui consistait à montrer que l'Église de France était en pleine communion, et avec le Pape, et avec les congrégations romaines, et avec les autres Églises, et qu'en toute hypothèse l'effort de réflexion et de recherche que nous avions entrepris n'était ni clandestin ni marginal. Il correspondait à quelque chose qui avait sa place normale et légitime dans la vie de l'Église.’

Poursuivant, l'archevêque de Paris prend soin de se distinguer de son homologue lyonnais dans la gestion de la crise. ”Je n'ai pas éprouvé comme l'a fait Mgr Decourtray, le besoin de faire un communiqué, parce que j'étais en mesure de voir concrètement les catéchistes de Paris”, indique-t-il 343 . Tandis que le père Ratzinger intervenait à Notre-Dame de Paris, les catéchises parisiens étaient, en effet, conviés à une série de conférences autour de Catechesi tradendae. ”J'ai préféré m'adresser directement comme évêque aux gens qui reçoivent ces questions plutôt que d'alimenter les remous publics” 344 .

Notes
336.

DC, 1849, 3 avril 1983, page 362

337.

Anonyme, ”Aux évêques de promouvoir la catéchèse”, La Croix, 18 mars 1983

338.

Muriel de Souich, ”Ne pas décourager les catéchistes”, La Croix, 19 mars 1983

339.

Anonyme, ”Ne pas décourager les catéchistes (suite)”, La Croix, 19 mars 1983

340.

Collectif, ”Transmettre la foi aujourd'hui”, Paris, Le Centurion, 1983, 128 pages

341.

Mgr Eyt, ”Comme un lecteur de longue date de Joseph Ratzinger”, La Croix, 29 avril 1983

342.

Bernard Le Léannec, ”Une pièce maîtresse du dossier”, La Croix, 29 avril 1983

343.

Bernard Le Léannec, ”Lever les soupçons”, La Croix, 29 avril 1983

344.

Ibid