Ascension 1983 : renouveau des rassemblements diocésains

Les évêques français prennent également l'initiative de rassembler l'ensemble de leurs diocésains. L'année 1983 est particulièrement riche en rassemblements. Le 28 mai, Mgr Etchegaray accueille plus d'un millier de personnes à Marseille, salle Vallier, pour ”Pentecôte 83”. Le 1er juin, 5 000 jeunes du pèlerinage fraternel se réunissent au stade Charléty autour de Mgr Lustiger. Le 5 juin 1983, la fête de l'Ascension est l'occasion pour les évêques de France de multiplier les rassemblements diocésains.

La Croix ouvre son édition du 3 juin sur ces manifestations à venir. Celles de Nîmes, Corbeil et Lille retiennent plus particulièrement l'attention du quotidien tandis que le diocèse de Versailles converge vers Jambville pour partager des animations pour les jeunes, des stands d'informations et divers carrefours. ”Ce n'est pas du tout un besoin de triomphalisme ni pour se montrer en spectacle”, assure Mgr Cadilhac qui convie ses diocésains à Notre-Dame de la Gardiole, lieu de pèlerinage entre Nîmes et Le Vigan. Reconnaissant que ”le rassemblement a toujours été vital dans l'Église pour manifester son appartenance au Christ, signifier que nous, chrétiens, sommes ensemble ses disciples”, L'évêque de Nîmes, membre de la commission du monde ouvrier inscrit l'initiative dans le droit fil des nouvelles perspectives missionnaires 369 :

‘Ce rassemblement est l'aboutissement de deux ans de révision apostolique : nous avons proposé aux chrétiens de faire une révision de vie au regard des perspectives missionnaires fixées par les évêques, à Lourdes, il y a deux ans. Il comporte ainsi en résumé trois objectifs :
Permettre de découvrir nos diversités de chrétiens, qui sont aussi nos richesses, dans nos démarches apostoliques et missionnaires.
Fêter le corps du Christ - puisqu'il s'agit bien de la fête du Saint-Sacrement - dans l'Eucharistie et dans l'Église.
Recevoir enfin la mission, c'est à dire se sentir renvoyés par le Seigneur lui-même à travers ce rassemblement, au témoignage que nous devons rendre au Christ. Nous nous rassemblons pour pouvoir mieux nous disperser.’

De fait, il est essentiel pour le père Cadilhac que le rassemblement ne soit pas perçu comme ”un rassemblement à usage interne”. Il lui apparaît déterminant de l'inscrire ”dans la ligne de la recherche missionnaire qui est aujourd'hui celle de l'Église de France” 370 . Henri Tincq titre son commentaire de manière révélatrice, ”des chrétiens décomplexés”. Reprenant le mot du père Cadilhac estimant qu'un rassemblement comme celui de la Gardiole ”n'aurait pas été possible il y a cinq ans”, le journaliste voit dans cette journée le symptôme d'une Église de France en recomposition. ”Des clivages qui ont provoqué hier des déperditions d'hommes et d'énergies semblent aujourd'hui dépassés”, suggère-t-il 371 . Les rassemblements diocésains de l'Ascension entérinent la double mutation de l'Église de France initiée par les évêques français en 1981 avec un retour de la problématique identitaire et une attention particulière à la dimension diocésaine de la mission 372 :

‘Identité, visibilité, communion et mission : telles sont les chances de l'Église. Les rassemblements d'aujourd'hui sont importants dans la mesure où ils traduisent des situations données d'Églises locales, dans la diversité de leurs mouvements, de leurs courants, de leurs efforts apostoliques et missionnaires. Ils seront plus féconds encore s'ils manifestent le cheminement et le dynamisme propres à une démarche d'Église.’
Notes
369.

Henri Tincq, ”Se rassembler, pour mieux se disperser”, La Croix, 3 juin 1983

370.

Ibid

371.

Henri Tincq, ”Des chrétiens décomplexés”, La Croix, 3 juin 1983

372.

Ibid